nomme par les conseils eut vote certainement avec Carnot et
Barthelemy. L'utilite du crime, et les details donnes a Larevelliere,
devaient l'engager a se tenir en garde. Cependant il ne s'emut pas,
et continua ses promenades du soir au Jardin des Plantes. On le fit
insulter par Malo, le chef d'escadron du 21e de dragons, qui avait sabre
les jacobins au camp de Grenelle, et qui avait ensuite denonce Brottier
et ses complices. Ce Malo etait la creature de Carnot et de Cochon, et
il avait, sans le vouloir, inspire aux clichyens des esperances qui
le rendirent suspect. Destitue par le directoire, il attribua sa
destitution a Larevelliere, et vint le menacer au Luxembourg.
L'intrepide magistrat fut peu effraye de la presence d'un officier de
cavalerie, et le poussa par les epaules hors de chez lui.
Rewbell, quoique tres attache a la cause commune, etait plus violent,
mais moins ferme. On vint lui dire que Barras traitait avec un envoye du
pretendant, et etait pret a trahir la republique. Les liaisons de Barras
avec tous les partis pouvaient inspirer tous les genres de craintes.
"Nous sommes perdus, dit Rewbell; Barras nous livre, nous allons etre
egorges; il ne nous reste qu'a fuir, car nous ne pouvons plus sauver la
republique. " Larevelliere, plus calme, repondit a Rewbell, que, loin de
ceder, il fallait aller chez Barras, lui parler avec vigueur, l'obliger
a s'expliquer, et lui imposer par une grande fermete. Ils allerent tous
deux chez Barras, l'interrogerent avec autorite, et lui demanderent
pourquoi il differait encore. Barras, occupe a tout preparer avec
Augereau, demanda encore trois ou quatre jours, et promit de ne plus
differer. C'etait le 13 ou le 14 fructidor, Rewbell fut rassure, et
consentit a attendre.
Barras et Augereau, en effet, avaient tout prepare pour l'execution du
coup d'etat medite depuis si long-temps. Les troupes de Hoche etaient
disposees autour de la limite constitutionnelle, pretes a la franchir,
et a se rendre dans quelques heures a Paris. On avait gagne une grande
partie des grenadiers du corps legislatif, en se servant du commandant
en second, Blanchard, et de plusieurs autres officiers, qui etaient
devoues au directoire. On s'etait ainsi assure d'un assez grand nombre
de defections dans les rangs des grenadiers, pour prevenir un combat. Le
commandant en chef Ramel etait reste fidele aux conseils, a cause de ses
liaisons avec Cochon et Carnot; mais son influence etait peu redoutable.
On ava
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