'echange des ratifications,
Bonaparte confera avec M. de Gallo, dans l'intention de le faire
renoncer a l'idee d'un congres a Berne, et de l'engager a traiter
isolement en Italie, sans appeler les autres puissances. Les raisons
qu'il avait a donner, dans l'interet meme de l'Autriche, etaient
excellentes. Comment la Russie et l'Angleterre si elles etaient
appelees a ce congres, pourraient-elles consentir a ce que l'Autriche
s'indemnisat aux depens de Venise, dont elles-memes convoitaient les
possessions? C'etait impossible, et l'interet meme de l'Autriche,
autant que celui d'une prompte conclusion, exigeait que l'on conferat
sur-le-champ, et en Italie. M. de Gallo, homme spirituel et sage,
sentait la force de ces raisons. Pour le decider, et entrainer le
cabinet autrichien, Bonaparte fit une concession d'etiquette a laquelle
le cabinet de Vienne attachait une grande importance. L'empereur
craignait toujours que la republique ne voulut rejeter l'ancien
ceremonial des rois de France, et n'exigeat l'alternative dans le
protocole des traites. L'empereur voulait toujours etre nomme le
premier, et conserver a ses ambassadeurs le pas sur les ambassadeurs de
la France. Bonaparte, qui s'etait fait autoriser par le directoire a
ceder sur ces miseres, accorda ce que demandait M. de Gallo. La joie
fut si grande, que sur-le-champ M. de Gallo adopta le principe d'une
negociation separee a Montebello, et ecrivit a Vienne pour obtenir des
pouvoirs en consequence. Mais le vieux Thugut, fatigue, humoriste, tout
attache au systeme anglais, et offrant a chaque instant sa demission,
depuis que la cour, influencee par l'archiduc Charles, semblait abonder
dans un systeme contraire, Thugut avait d'autres vues. Il voyait la
paix avec peine; les troubles interieurs de la France lui donnaient des
esperances auxquelles il aimait encore a se livrer, quoiqu'elles eussent
ete si souvent trompeuses. Bien qu'il en eut coute a l'Autriche beaucoup
d'argent, beaucoup de fausses demarches, et une guerre desastreuse,
pour avoir cru les emigres, la nouvelle conspiration de Pichegru fit
concevoir a Thugut l'idee de differer la conclusion de la paix.
Il resolut d'opposer des lenteurs calculees aux instances des
plenipotentiaires francais. Il fit desavouer le marquis de Gallo, et fit
partir un nouveau negociateur, le general-major, comte de Meeweld, pour
Montebello. Ce negociateur arriva le 1er messidor (19 juin), et demanda
l'execution des preliminaires, c'est-a
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