en negociant leurs bons,
car l'emission d'une aussi grande quantite de papier en avilirait
considerablement la valeur; que meme, sans avoir des prejuges contre
l'origine des biens, les creanciers de l'etat etaient pour la plupart
trop pauvres pour acheter des terres; que les associations pour acquerir
en commun etaient impossibles; que par consequent, la perte des neuf
dixiemes du capital etait reelle pour la plupart; que le tiers pretendu
consolide, et a l'abri de reduction pour l'avenir, n'etait que promis;
qu'un tiers promis valait moins que trois tiers promis; qu'enfin si la
republique ne pouvait pas, dans le moment, suffire a tout le service de
la dette, il valait mieux pour les creanciers attendre comme ils avaient
fait jusqu'ici, mais attendre avec l'espoir de voir leur sort ameliore,
qu'etre depouilles sur-le-champ de leur creance. Il y avait meme
beaucoup de gens qui auraient voulu qu'on distinguat entre les
differentes especes de rentes inscrites au grand-livre, et qu'on ne
soumit au remboursement que celles qui avaient ete acquises a vil prix.
Il s'en etait vendu en effet a 10 et 15 fr., et ceux qui les avaient
achetees gagnaient encore beaucoup malgre la reduction au tiers. Les
partisans du projet du directoire repondaient qu'un etat avait le droit,
comme tout particulier, d'abandonner son avoir a ses creanciers, quand
il ne pouvait plus les payer; que la dette surpassait de beaucoup les
moyens de la republique, et que dans cet etat, elle avait le droit de
leur abandonner le gage meme de cette dette, c'est-a-dire les biens;
qu'en achetant des terres ils perdraient fort peu; que ces terres
s'eleveraient rapidement dans leurs mains, pour remonter a leur ancienne
valeur, et qu'ils retrouveraient ainsi ce qu'ils avaient perdu; qu'il
restait 1,300 millions de biens (le milliard promis aux armees etant
transporte aux creanciers de l'etat), que la paix etait prochaine, qu'a
la paix, les bons de remboursement devaient seuls etre recus en
paiement des biens nationaux; que, par consequent, la partie du capital
remboursee, s'elevant a environ 3 milliards, trouverait a acquerir 1,300
millions de biens, et perdrait tout au plus les deux tiers au lieu des
neuf dixiemes; que du reste les creanciers n'avaient pas ete traites
autrement jusqu'ici; que toujours on les avait payes en biens, soit
qu'on leur donnat des assignats, ou des _bons de trois quarts_; que la
republique etait obligee de leur donner ce qu'elle avait; qu'ils
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