ane le duche de Modene, les legations de Bologne
et de Ferrare. Son projet etait de reunir ce petit etat a Venise
revolutionnee, et de la dedommager ainsi de la perte de ses provinces de
terre-ferme. Il voulait organiser a part la Lombardie, sous le titre de
republique transpadane. Mais bientot ses idees avaient change, et il
preferait former un seul etat des provinces affranchies. L'esprit de
localite, qui s'opposait d'abord a la reunion de la Lombardie avec les
autres provinces, conseillait maintenant au contraire de les reunir. La
Romagne, par exemple, ne voulait pas se reunir aux legations et au duche
de Modene, mais consentait a dependre d'un gouvernement central etabli a
Milan. Bonaparte vit bientot que chacun detestant son voisin, il serait
plus facile de soumettre tout le monde a une autorite unique. Enfin,
la difficulte de decider la suprematie entre Venise et Milan, et de
preferer l'une des deux pour en faire le siege du gouvernement, cette
difficulte n'en etait plus une pour lui. Il avait resolu de sacrifier
Venise. Il n'aimait pas les Venitiens; il voyait que le changement du
gouvernement n'avait pas amene chez eux un changement dans les esprits.
La grande noblesse, la petite, le peuple etaient ennemis des Francais et
de la revolution, et faisaient toujours des voeux pour les Autrichiens.
A peine un petit nombre de bourgeois aises approuvaient-ils le nouvel
etat de choses. La municipalite democratique montrait la plus mauvaise
volonte a l'egard des Francais. Presque tout le monde a Venise semblait
desirer qu'un retour de fortune permit a l'Autriche de retablir l'ancien
gouvernement. De plus, les Venitiens n'inspiraient aucune estime a
Bonaparte sous un rapport important a ses yeux, la puissance. Leurs
canaux et leurs ports etaient presque combles, leur marine etait dans le
plus triste etat; ils etaient eux-memes abatardis par les plaisirs,
et incapables d'energie. "_C'est un peuple mou, effemine et lache_,
ecrivait-il, _sans terre ni eau, et nous n'en avons que faire_." Il
songeait donc a livrer Venise a l'Autriche, a condition que l'Autriche,
renoncant a la limite de l'Oglio, stipulee par les preliminaires
de Leoben, retrograderait jusqu'a l'Adige. Ce fleuve, qui est une
excellente limite, separait alors l'Autriche de la republique nouvelle.
L'importante place de Mantoue, qui, d'apres les preliminaires, devait
etre rendue a l'Autriche, resterait a la republique italienne, et Milan
deviendrait capitale sans au
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