sfaction.
En recevant ces notes si etranges, Bonaparte fut rempli de colere.
Sa premiere idee fut de reunir sur-le-champ toutes les divisions de
l'armee, de reprendre l'offensive, et de s'avancer encore sur Vienne,
pour exiger cette fois des conditions moins moderees qu'a Leoben. Mais
l'etat interieur de la France, les conferences a Lille, l'arreterent,
et il pensa qu'il fallait, dans ces graves conjonctures, laisser au
directoire, qui etait place au centre de toutes les operations, le soin
de decider la conduite a tenir. Il se contenta de faire rediger par
Clarke une note vigoureuse. Cette note portait en substance qu'il
n'etait plus temps de demander un congres, dont les plenipotentiaires
autrichiens avaient reconnu l'impossibilite, et auquel la cour de Vienne
avait meme renonce, en fixant les conferences a Udine; que ce congres
etait aujourd'hui sans motif, puisque les allies de l'Autriche se
separaient d'elle, et montraient l'intention de traiter isolement, ce
qui etait prouve par les conferences de Lille; que le delai de trois
mois ne pouvait s'entendre qu'a partir du jour de la signature de
Leoben, car autrement, en differant l'ouverture du congres, les lenteurs
pourraient devenir eternelles, ce que la France avait voulu empecher en
fixant un terme positif; qu'enfin les preliminaires n'avaient point ete
violes dans la conduite tenue a l'egard de Venise et de Genes; que ces
deux pays avaient pu changer leur gouvernement sans que personne eut
a le trouver mauvais, et que, du reste, en envahissant l'Istrie et la
Dalmatie contre toutes les conventions ecrites, l'Autriche avait bien
autrement viole les preliminaires. Apres avoir ainsi repondu d'une
maniere ferme et digne, Bonaparte refera du tout au directoire, et
attendit ses ordres, lui recommandant de se decider au plus tot, parce
qu'il importait de ne pas attendre la mauvaise saison pour reprendre les
hostilites, si cette determination devenait necessaire.
A Lille, la negociation ouverte se conduisait avec plus de bonne foi,
ce qui doit paraitre singulier, puisque c'etait avec Pitt que
les negociateurs francais avaient a s'entendre. Mais Pitt etait
veritablement effraye de la situation de l'Angleterre, ne comptait plus
du tout sur l'Autriche, n'avait aucune confiance dans les menteries des
agens royalistes, et voulait traiter avec la France, avant que la paix
avec l'empereur la rendit plus forte et plus exigeante. Si donc, l'annee
derniere, il n'avait voulu qu'e
|