a la deportation. On ne s'en
tint pas la: les journalistes n'avaient pas ete moins dangereux que les
deputes, et on n'avait pas plus de moyens de les frapper judiciairement.
On resolut d'agir revolutionnairement a leur egard, comme a l'egard
des membres du corps legislatif. On condamna a la deportation les
proprietaires, editeurs et redacteurs de quarante-deux journaux; car
aucunes conditions n'etant alors imposees aux journaux politiques,
le nombre en etait immense. Dans les quarante-deux figurait _la
Quotidienne_. A ces dispositions contre les individus, on en ajouta
d'autres, pour renforcer l'autorite du directoire, et retablir les lois
revolutionnaires que les cinq-cents avaient abolies ou modifiees. Ainsi
le directoire avait la nomination de tous les juges et magistrats
municipaux, dont l'election etait annulee dans quarante-huit
departemens. Quant aux places de deputes, elles restaient vacantes. Les
articles de la fameuse loi du 3 brumaire, qui avaient ete rapportes,
etaient remis en vigueur, et meme etendus. Les parens d'emigres, exclus
par cette loi des fonctions publiques jusqu'a la paix, en etaient
exclus, par la loi nouvelle, jusqu'au terme de quatre ans apres la paix;
ils etaient prives en outre des fonctions electorales. Les emigres,
rentres sous pretexte de demander leur radiation, devaient sortir sous
vingt-quatre heures des communes dans lesquelles ils se trouvaient, et
sous quinze jours du territoire. Ceux d'entre eux qui seraient saisis en
contravention devaient subir l'application des lois sous vingt-quatre
heures. Les lois qui rappelaient les pretres deportes, qui les
dispensaient du serment et les obligeaient a une simple declaration,
etaient rapportees. Toutes les lois sur la police des cultes etaient
retablies. Le directoire avait la faculte de deporter, sur un simple
arrete, les pretres qu'il saurait se mal conduire. Quant aux journaux,
il avait a l'avenir la faculte de supprimer ceux qui lui paraitraient
dangereux. Les societes politiques, c'est-a-dire les clubs, etaient
retablies; mais le directoire etait arme contre eux de la meme puissance
qu'on lui donnait contre les journaux; il pouvait les fermer a
volonte. Enfin, ce qui n'etait pas moins important que tout le reste,
l'organisation de la garde nationale etait suspendue, et renvoyee a
d'autres temps.
Aucune de ces dispositions n'etait sanguinaire, car le temps de
l'effusion du sang etait passe; mais elles rendaient au directoire une
puiss
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