la monarchie autrichienne
sur les bras, et c'etait l'armee d'Allemagne qui devait avoir l'avantage
de percer la premiere, et de penetrer dans les etats hereditaires. A
ce sujet de mecontentement s'en joignit un autre, lorsqu'il apprit les
defiances qu'on avait concues contre lui a Paris. Augereau avait envoye
un de ses aides-de-camp avec des lettres pour beaucoup d'officiers et de
generaux de l'armee d'Italie. Cet aide-de-camp paraissait remplir une
espece de mission, et etre charge de redresser l'opinion de l'armee sur
le 18 fructidor. Bonaparte vit bien qu'on se defiait de lui. Il se hata
de jouer l'offense, de se plaindre avec la vivacite et l'amertume d'un
homme qui se sent indispensable; il dit que le gouvernement le traitait
avec une horrible ingratitude, qu'il se conduisait envers lui comme
envers Pichegru apres vendemiaire, et il demanda sa demission. Cet
homme, d'un esprit si grand et si ferme, qui savait se donner une si
noble attitude, se livra ici a l'humeur d'un enfant impetueux et mutin.
Le directoire ne repondit pas a la demande de sa demission, et se
contenta d'assurer qu'il n'etait pour rien dans ces lettres et dans
l'envoi d'un aide-de-camp. Bonaparte se calma, mais demanda encore
a etre remplace dans les fonctions de negociateur, et dans celles
d'organisateur des republiques italiennes. Il repetait sans cesse qu'il
etait malade, qu'il ne pouvait plus supporter la fatigue du cheval, et
qu'il lui etait impossible de faire une nouvelle campagne. Cependant,
quoique a la verite il fut malade, et accable des travaux enormes
auxquels il s'etait livre depuis deux ans, il ne voulait etre remplace
dans aucun de ses emplois, et au besoin il etait assure de trouver dans
son ame les forces qui semblaient manquer a son corps.
Il resolut, en effet, de poursuivre la negociation, et d'ajouter a
la gloire de premier capitaine du siecle, celle de pacificateur.
L'ultimatum du directoire le genait; mais il n'etait pas plus decide
dans cette circonstance que dans une foule d'autres, a obeir aveuglement
a son gouvernement. Ses travaux, dans ce moment, etaient immenses. Il
organisait les republiques italiennes, il se creait une marine dans
l'Adriatique, il formait de grands projets sur la Mediterranee, et il
traitait avec les plenipotentiaires de l'Autriche.
Il avait commence a organiser en deux etats separes les provinces qu'il
avait affranchies dans la Haute-Italie. Il avait erige depuis long-temps
en republique cispad
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