iolente. Les conseils
eux-memes ne gardaient plus leur ancienne mesure. En voyant approcher
le moment ou ils allaient etre renforces, les membres du premier
tiers commencaient a sortir de la reserve dans laquelle ils s'etaient
renfermes pendant quinze mois. Ils avaient marche jusqu'ici a la suite
des constitutionnels, c'est-a-dire des deputes qui pretendaient n'etre
ni amis ni ennemis du directoire, et qui affectaient de ne tenir qu'a
la constitution seule, et de ne combattre le gouvernement que lorsqu'il
s'en ecartait. Cette direction avait surtout domine dans le conseil
des anciens. Mais a mesure que le jour de la jonction s'approchait,
l'opposition dans les cinq-cents commencait a prendre un langage plus
menacant. On entendait dire que les anciens avaient trop long-temps mene
les cinq-cents, et que ceux-ci devaient sortir de tutelle. Ainsi, dans
le club de Clichy comme dans le corps legislatif, le parti qui allait
acquerir la majorite laissait eclater sa joie et son audace.
Les constitutionnels abuses, comme tous les hommes qui depuis la
revolution s'etaient laisses engager dans l'opposition, croyaient qu'ils
allaient devenir les maitres du mouvement, et que les nouveaux arrives
ne seraient qu'un renfort pour eux. Carnot etait a leur tete. Toujours
entraine davantage dans la fausse direction qu'il avait prise, il
n'avait cesse d'appuyer au directoire l'avis de la majorite legislative.
Particulierement dans la discussion des preliminaires de Leoben, il
avait laisse eclater une animosite contenue jusque-la dans les bornes
des convenances, et appuye avec un zele qu'on ne devait pas attendre de
sa vie passee, les concessions faites a l'Autriche. Carnot, aveugle par
son amour-propre, croyait mener a son gre le parti constitutionnel,
soit dans les cinq-cents, soit dans les anciens, et ne voyait dans les
nouveaux elus que des partisans de plus. Dans son zele a rapprocher les
elemens d'un parti dont il esperait etre le chef, il cherchait a se
lier avec les plus marquans des nouveaux deputes. Il avait meme devance
Pichegru, qui n'avait pour tous les membres du directoire que des
procedes malhonnetes, et etait alle le voir. Pichegru, repondant assez
mal a ses prevenances, ne lui avait montre que de l'eloignement et
presque du dedain. Carnot s'etait lie avec beaucoup d'autres deputes du
premier et du second tiers. Son logement au Luxembourg etait devenu
le rendez-vous de tous les membres de la nouvelle opposition; et
ses colle
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