n avait pas le secret, et n'avait
pu le lui communiquer.
Parmi les clichyens, les uns etaient mus par l'ambition, les autres par
un penchant naturel pour l'etat monarchique, le plus grand nombre par
les souvenirs de la terreur et par la crainte de la voir renaitre.
Reunis par des motifs divers, ils etaient entraines, comme il arrive
toujours aux hommes assembles, par les plus ardens d'entre eux. Des le
1er prairial, ils formerent les projets les plus fous. Le premier etait
de mettre les conseils en permanence. Ils voulaient ensuite demander
l'eloignement des troupes qui etaient a Paris; ils voulaient s'arroger
la police de la capitale, en interpretant l'article de la constitution
qui donnait au corps legislatif la police du lieu de ses seances, et en
traduisant le mot _lieu_ par le mot _ville_; ils voulaient mettre les
directeurs en accusation, en nommer d'autres, abroger en masse les lois
dites revolutionnaires, c'est-a-dire, abroger, a la faveur de ce mot, la
revolution tout entiere. Ainsi, Paris soumis a leur pouvoir, les chefs
du gouvernement renverses, l'autorite remise entre leurs mains pour
en disposer a leur gre, ils pouvaient tout hasarder, meme la royaute.
Cependant ces propositions de quelques esprits emportes furent ecartees.
Des hommes plus mesures, voyant qu'elles equivalaient a une attaque
de vive force contre le directoire, les combattirent, et en firent
prevaloir d'autres. Il fut convenu qu'on se servirait d'abord de la
majorite, pour changer toutes les commissions, pour reformer certaines
lois, et pour contrarier la marche actuelle du directoire. La tactique
legislative fut donc preferee, pour le moment, aux attaques de vive
force.
Ce plan arrete, on le mit sur-le-champ a execution. Apres avoir annule
l'election de Barrere, on rappela cinq membres du premier tiers, qui
avaient ete exclus l'annee precedente en vertu de la loi du 3 brumaire.
Le refus fait par les anciens de rapporter cette loi ne fut pas un
obstacle. Les deputes repousses du corps legislatif furent rappeles
comme inconstitutionnellement exclus. C'etaient les nommes
Ferrand-Vaillant, Gault, Polissart, Job Ayme (de la Drome), et Marsan,
l'un des agens du royalisme. On imagina ensuite une nouvelle maniere
de rapporter la loi du 3 brumaire. Le rapport de cette loi ayant ete
propose quelques jours auparavant, et rejete par les anciens, ne pouvait
plus etre propose avant une annee. On employa une nouvelle forme, et
on decida que la loi du
|