t a mauvais projets. Elle en forma en
effet de tres dangereux. Elle avait compose la commission des finances
d'hommes de son choix, et fort mal disposes pour le gouvernement. Le
premier soin de cette commission fut de presenter aux cinq-cents, par
l'organe du rapporteur Gilbert-Desmolieres, un etat inexact de la
recette et de la depense. Elle exagera l'une, et diminua fortement
l'autre. Obligee de reconnaitre l'insuffisance des ressources
ordinaires, telles que la contribution fonciere, l'enregistrement, le
timbre, les patentes, les postes, les douanes, elle refusa cependant
tous les impots imagines pour y suppleer. Depuis le commencement de la
revolution, on n'avait pas pu retablir encore les impots indirects. On
proposait un impot sur le sel et le tabac, la commission pretendit qu'il
effrayait le peuple; on proposait une loterie, elle la repoussa comme
immorale; on proposait un droit de passe sur les routes, elle le trouva
sujet a de grandes difficultes. Tout cela etait plus ou moins juste,
mais il fallait chercher et trouver des ressources. Pour toute
ressource, la commission annonca qu'elle allait s'occuper de discuter un
droit de greffe. Quant au deficit des recettes extraordinaires, loin d'y
pourvoir, elle chercha a l'aggraver, en interdisant au directoire les
expediens au moyen desquels il etait parvenu a vivre au jour le jour.
Voici comme elle s'y prit.
La constitution avait detache la tresorerie du directoire, et en avait
fait un etablissement a part, qui etait dirige par des commissaires
independans, nommes par les conseils, et n'ayant d'autre soin que celui
de recevoir le revenu, et de payer la depense. De cette maniere le
directoire n'avait pas le maniement des fonds de l'etat; il delivrait
des ordonnances sur la tresorerie, qu'elle acquittait jusqu'a
concurrence des credits ouverts par les conseils. Rien n'etait plus
funeste que cette institution, car le maniement des fonds est une
affaire d'execution, qui doit appartenir au gouvernement, comme la
direction des operations militaires, et dans laquelle les corps
deliberans ne peuvent pas plus intervenir que dans l'ordonnance d'une
campagne. C'est meme souvent par un maniement adroit et habile qu'un
ministre parvient a creer des ressources temporaires, dans un cas
pressant. Aussi les deux conseils avaient-ils, l'annee precedente,
autorise la tresorerie a faire toutes les negociations commandees par le
directoire. La nouvelle commission resolut de couper court
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