titutionnelle. Les conseils
lui repliquerent qu'il n'avait pas a juger une decision du corps
legislatif. Le directoire allait insister, et repondre que la
constitution etait mise par un article fondamental sous la sauvegarde de
chacun des pouvoirs, et que le pouvoir executif avait l'obligation de ne
pas executer une mesure inconstitutionnelle; mais Carnot et Letourneur
abandonnerent leurs collegues. Barras, qui etait violent, mais peu
ferme, engagea Rewbell et Larevelliere a ceder, et on ne disputa plus
sur le mode du tirage.
La turbulente reunion de Clichy imagina de nouvelles propositions a
faire aux conseils avant le 1er prairial. La plus importante a ses yeux
etait le rapport de la fameuse loi du 3 brumaire, qui excluait les
parens d'emigres des fonctions publiques, et qui fermait l'entree du
corps legislatif a plusieurs membres du premier et du second tiers. La
proposition fut faite, en effet, aux cinq-cents, quelques jours avant le
1er prairial, et adoptee au milieu d'une orageuse discussion. Ce
succes inespere, meme avant la jonction du second tiers, prouvait
l'entrainement que commencait a exercer l'opposition sur le corps
legislatif, quoique compose encore de deux tiers conventionnels.
Cependant, le parti qui se disait constitutionnel etait plus fort aux
anciens. Il etait blesse de la fougue des deputes, qui jusque-la avaient
paru recevoir sa direction, et il refusa de rapporter la loi du 3
brumaire.
Le 1er prairial arrive, les deux cent cinquante nouveaux elus se
rendirent au corps legislatif, et remplacerent deux cent cinquante
conventionnels. Sur les sept cent cinquante membres des deux conseils,
il n'en resta donc plus que deux cent cinquante appartenant a la grande
assemblee qui avait consomme et defendu la revolution. Quand Pichegru
parut aux cinq-cents, la plus grande partie de l'assemblee, qui ne
savait pas qu'elle avait un traitre dans son sein, et qui ne voyait en
lui qu'un general illustre, disgracie par le gouvernement, se leva par
un mouvement de curiosite. Sur quatre cent quarante-quatre voix, il en
obtint trois cent quatre-vingt-sept pour la presidence. Le parti modere
et constitutionnel aurait voulu appeler au bureau le general Jourdan,
afin de lui preparer les voies au fauteuil, et de l'y porter apres
Pichegru; mais la nouvelle majorite, fiere de sa force, et oubliant deja
toute espece de menagement, repoussa Jourdan. Les membres du bureau
nommes furent MM. Simeon, Vaublanc, Henri La Rivier
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