ionnels n'avait rien
de tres-engageant. Les trois directeurs coalises voulaient se donner
un ministere homogene, afin de frapper la faction royaliste; les
constitutionnels, au contraire, exigeaient un ministere tout oppose a
celui dont les directeurs croyaient avoir besoin dans le danger actuel,
et ils n'avaient a offrir en retour que leurs voix, qui etaient peu
nombreuses, et que du reste ils n'engageaient sur aucune question. Leur
alliance n'avait donc rien d'assez rassurant pour decider le directoire
a les ecouter, et a se desister de ses projets. Larevelliere ne leur
donna aucune satisfaction. Ils se servirent aupres de lui du geologue
Faujas de Saint-Fond, avec lequel il etait lie par la conformite des
gouts et des etudes; tout fut inutile. Il finit par repondre: "Le jour
ou vous nous attaquerez, vous nous trouverez prets. Nous vous tuerons,
mais politiquement. Vous voulez notre sang, mais le votre ne coulera
pas. Vous serez reduits seulement a l'impossibilite de nuire."
Cette fermete fit desesperer de Larevelliere. Carnot conseilla alors de
s'adresser a Barras, en doutant toutefois du succes, car il connaissait
sa haine. L'amiral Villaret-Joyeuse, un des membres ardens de
l'opposition, et que son gout pour les plaisirs avait souvent rapproche
de Barras, fut charge de lui parler. Le facile Barras, qui promettait a
tout le monde, quoique ses sentimens fussent au fond assez decides,
fut en apparence moins desesperant que Larevelliere. Sur les quatre
ministres dont les constitutionnels demandaient le changement, Merlin,
Ramel, Truguet et Delacroix, il consentit a en changer deux, Truguet
et Delacroix. C'etait ainsi convenu avec Rewbell et Larevelliere. Il
pouvait donc s'engager pour ces deux-la, et il promit leur renvoi.
Cependant, soit qu'avec sa facilite ordinaire, il promit plus qu'il ne
pouvait tenir, soit qu'il voulut tromper Carnot et l'engager a demander
lui-meme le changement des ministres, soit qu'on interpretat trop
favorablement son langage ordinairement ambigu, les constitutionnels
vinrent annoncer a Carnot que Barras consentait a tout, et voterait avec
lui sur chacun des ministres. Les constitutionnels demandaient que le
changement se fit sur-le-champ. Carnot et Barthelemy, doutant de Barras,
hesitaient a prendre l'initiative. On pressait Barras de la prendre, et
il repondait que, les journaux etant fort dechaines dans ce moment, le
directoire paraitrait ceder a leur violence. On essaya de faire taire
le
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