la confusion etait si grande chez elle, que la perte de ses
chefs n'y pouvait guere ajouter. Il existait toujours deux associations,
l'une composee des hommes devoues et capables de prendre les armes,
l'autre des hommes douteux, propres seulement a voter dans les
elections. L'agence de Lyon etait restee intacte. Pichegru, conspirant
a part, correspondait toujours avec le ministre anglais Wickam et le
prince de Conde. Les elections, influencees par ces intrigans de toute
espece, et surtout par l'esprit de reaction, eurent le resultat qu'on
avait prevu. La presque totalite du second tiers fut formee, comme le
premier, d'hommes qui etaient ennemis du directoire, ou par devouement
a la royaute, ou par haine de la terreur. Les partisans de la royaute
etaient, il est vrai, fort peu nombreux; mais ils allaient se servir,
suivant l'usage, des passions des autres. Pichegru fut nomme depute
dans le Jura. A Colmar on choisit le nomme Chemble, employe a la
correspondance avec Wickam; a Lyon, Imbert-Colomes, l'un des membres
de l'agence royaliste dans le Midi, et Camille Jordan, jeune homme qui
avait de bons sentimens, une imagination vive, et une ridicule colere
contre le directoire; a Marseille, le general Willot, qui avait ete
tire de l'armee de l'Ocean pour aller commander dans le departement des
Bouches-du-Rhone, et qui, loin de contenir les partis, s'etait laisse
gagner, peut-etre a son insu, par la faction royaliste; a Versailles, le
nomme Vauvilliers, compromis par la conspiration de Brottier, et destine
par l'agence a devenir administrateur des subsistances; a Brest,
l'amiral Villaret-Joyeuse, brouille avec Hoche, et par suite avec le
gouvernement, a l'occasion de l'expedition d'Irlande. On fit encore une
foule d'autres choix, tout autant significatifs que ceux-la. Cependant
tous n'etaient pas aussi alarmans pour le directoire et pour la
republique. Le general Jourdan, qui avait quitte le commandement
de l'armee de Sambre-et-Meuse, apres les malheurs de la campagne
precedente, fut nomme depute par son departement. Il etait digne de
representer l'armee au corps legislatif, et de la venger du deshonneur
qu'allait lui imprimer la trahison de Pichegru. Par une singularite
assez remarquable, Barrere fut elu par le departement des
Hautes-Pyrenees.
Les nouveaux elus se haterent d'arriver a Paris. En attendant le 1er
prairial, epoque de leur installation, on les entrainait a la reunion
de Clichy, qui tous les jours devenait plus v
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