stant, et qu'on envoyat un message
aux anciens, pour les engager a rester en seance, afin qu'ils pussent
aussi voter sans desemparer. On combattit cette proposition. Thibaudeau,
chef du parti constitutionnel, fit remarquer avec raison que, quelque
diligence qu'on deployat, la garde nationale ne serait pas organisee
avant un mois; que la precipitation a voter un projet important serait
donc inutile pour garantir le corps legislatif des dangers dont on le
menacait; que la representation nationale devait se renfermer dans
ses droits et sa dignite, et ne pas chercher sa force dans des moyens
actuellement impuissans. Il proposa une discussion reflechie. On adopta
l'ajournement a vingt-quatre heures, pour l'examen du projet, en
decretant cependant tout de suite le principe de la reorganisation. Dans
le moment, arriva un message du directoire, qui donnait des explications
sur la marche des troupes. Ce message disait que, dirigees vers une
destination eloignee, les troupes avaient du passer pres de Paris, que
par l'inadvertance d'un commissaire des guerres elles avaient franchi la
limite constitutionnelle, que l'erreur de ce commissaire etait la seule
cause de cette infraction aux lois, que du reste les troupes avaient
recu l'ordre de retrograder sur-le-champ. On ne se contenta pas de cette
explication; on declama de nouveau avec une extreme vehemence, et on
nomma une commission pour examiner ce message, et faire un rapport sur
l'etat de Paris et la marche des troupes. Le lendemain on commenca
a discuter le projet de Pichegru, et on en vota quatre articles. On
s'occupa ensuite des clubs, qui se renouvelaient de toutes parts, et
semblaient annoncer un ralliement du parti jacobin. On voulait les
interdire absolument, parce que les lois qui les limitaient etaient
toujours eludees. On decreta qu'aucune assemblee politique ne serait
permise a l'avenir. Ainsi la societe de Clichy commit sur elle-meme
une espece de suicide, et consentit a ne plus exister, a condition de
detruire le cercle constitutionnel et les autres clubs subalternes qui
se formaient de toutes parts. Les chefs de Clichy n'avaient pas besoin,
en effet, de cette tumultueuse reunion pour s'entendre, et ils pouvaient
la sacrifier, sans se priver d'une grande ressource. Willot denonca
ensuite Barras, comme n'ayant pas l'age requis par la constitution,
a l'epoque ou il avait ete nomme directeur. Mais les registres de la
guerre compulses prouverent que c'etait une vaine chic
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