d'un article de la constitution. On
se proposait en meme temps de confier la direction de cette police a
Cochon; mais la proposition etait si hardie, qu'on n'osa pas la mettre
en projet. On s'arreta a l'idee de chicaner sur l'age de Barras, qui,
disait-on, n'avait pas quarante ans lors de sa nomination au directoire,
et de demander l'organisation instantanee de la garde nationale.
Le 30 messidor (18 juillet) en effet, il y eut grand tumulte aux
cinq-cents. Le depute Delahaye denonca la marche des troupes, et
demanda que le rapport sur la garde nationale fut fait sur-le-champ.
On s'emporta contre la conduite du directoire; on peignait avec effroi
l'etat de Paris, l'arrivee d'une multitude de revolutionnaires connus,
la nouvelle formation des clubs, et on demanda qu'une discussion
s'ouvrit sur les societes politiques. On decida que le rapport sur la
garde nationale serait fait le surlendemain, et qu'immediatement apres
s'ouvrirait la discussion sur les clubs. Le surlendemain, 2 thermidor
(20 juillet), on avait de nouveaux details sur la marche des troupes,
sur leur nombre, et on savait qu'a la Ferte-Alais, il se trouvait deja
quatre regimens de cavalerie.
Pichegru fit le rapport sur l'organisation de la garde nationale. Son
projet etait concu de la maniere la plus perfide. Tous les Francais
jouissant de la qualite de citoyen devaient etre inscrits sur les roles
de la garde nationale, mais tous ne devaient pas composer l'effectif
de cette garde. Les gardes nationaux faisant le service devaient etre
choisis par les autres, c'est-a-dire elus par la masse. De cette maniere
la garde nationale etait formee, comme les conseils, par les assemblees
electorales, et le resultat des elections indiquait assez quelle espece
de garde on obtiendrait par ce moyen. Elle devait se composer d'un
bataillon par canton; dans chaque bataillon il devait y avoir une
compagnie de grenadiers et de chasseurs, ce qui retablissait ces
compagnies d'elite, ou se groupaient toujours les hommes le plus
prononces, et dont les partis se servaient ordinairement pour
l'execution de leurs vues. On voulait voter le projet sur-le-champ. Le
fougueux Henri Lariviere pretendit que tout annoncait un 31 mai. "Allons
donc! allons donc!" lui crierent, en l'interrompant, quelques voix de la
gauche. "Oui, reprit-il, mais je me rassure en songeant que nous sommes
au 2 thermidor, et que nous approchons du 9, jour fatal aux tyrans." Il
voulait qu'on votat le projet a l'in
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