des nationales n'etait pas encore decretee;
le principe n'en etait que pose dans la constitution. Les clichyens
voulaient se menager une force a opposer aux armees, et remettre sous
les armes cette jeunesse qu'on avait soulevee en vendemiaire contre
la convention. Ils venaient de faire nommer une commission dans les
cinq-cents pour presenter un projet d'organisation; Pichegru en etait
president et rapporteur. Outre cette importante mesure, la commission
des finances avait repris en sous-oeuvre les propositions rejetees par
les anciens, et cherchait a les presenter d'une autre maniere, pour les
faire adopter sous une nouvelle forme. Ces propositions des cinq-cents,
toutes redoutables qu'elles etaient, effrayaient moins cependant les
trois directeurs coalises, que la conspiration a la tete de laquelle
ils voyaient un general celebre, et a laquelle ils supposaient dans les
conseils des ramifications fort etendues. Decides a agir, ils voulaient
d'abord operer dans le ministere certains changemens qu'ils croyaient
necessaires, pour donner plus d'homogeneite a l'administration de
l'etat, et pour prononcer d'une maniere ferme et decidee la marche du
gouvernement.
Le ministre de la police, Cochon, quoique un peu disgracie aupres des
royalistes depuis la poursuite des trois agens du pretendant et les
circulaires relatives aux elections, n'en etait pas moins tout devoue a
Carnot. Le directoire, avec les projets qu'il nourrissait, ne pouvait
pas laisser la police dans les mains de Cochon. Le ministre de la guerre
Petiet etait en renom chez les royalistes; il etait la creature devouee
de Carnot. Il fallait encore l'exclure, pour qu'il n'y eut pas, entre
les armees et la majorite directoriale, un ennemi pour intermediaire. Le
ministre de l'interieur, Benezech, administrateur excellent, courtisan
docile, n'etait a craindre pour aucun parti; mais on le suspectait a
cause de ses gouts connus et de l'indulgence des journaux royalistes
a son egard. On voulait le changer aussi, ne fut-ce que pour avoir un
homme plus sur. On avait une entiere confiance dans Truguet, ministre
de la marine, et Charles Delacroix, ministre des relations exterieures;
mais des raisons, puisees dans l'interet du service, portaient les
directeurs a desirer leur changement. Truguet etait en butte a toutes
les attaques de la faction royaliste, et il en meritait une partie par
son caractere hautain et violent. C'etait un homme loyal et a grands
moyens, mais n'ayant
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