e, Parisot.
L'exclusion de Jourdan etait maladroite, et ne pouvait que blesser
profondement les armees. Seance tenante, on abolit l'election des
Hautes-Pyrenees, qui avait porte Barrere au corps legislatif. On apprit
le resultat du tirage au sort fait au directoire. Par une singularite du
hasard, le sort etait tombe sur Letourneur, ce qui confirma davantage
l'opinion qui s'etait repandue d'un accord volontaire entre les
directeurs[6]. Sur-le-champ on songea a le remplacer. Le choix qu'on
allait faire avait beaucoup moins d'importance depuis qu'il ne pouvait
plus changer la majorite directoriale; mais c'etait toujours l'appui
d'une voix a donner a Carnot; et d'ailleurs, comme on ne connaissait pas
bien la pensee de Larevelliere-Lepaux, comme on le savait modere, et
qu'il etait un des proscrits de 1793, on se flattait qu'il pourrait,
dans certains cas, se rattacher a Carnot, et changer la majorite. Les
constitutionnels, qui avaient le desir et l'espoir de modifier la marche
du gouvernement sans le detruire, auraient voulu nommer un homme attache
au regime actuel, mais prononce contre le directoire, et pret a se
rallier a Carnot. Ils proposaient Cochon, le ministre de la police, et
l'ami de Carnot. Ils songeaient aussi a Beurnonville; mais, dans le club
de Clichy, on etait mal dispose pour Cochon, bien qu'on lui eut accorde
d'abord beaucoup de faveur a cause de son energie contre les jacobins.
On lui en voulait maintenant de l'arrestation de Brottier, Duverne
de Presle et Laville-Heurnois, mais surtout de ses circulaires aux
electeurs. On repoussa Cochon et meme Beurnonville. On proposa
Barthelemy, notre ambassadeur en Suisse, et le negociateur des traites
de paix avec la Prusse et l'Espagne. Ce n'etait certainement pas le
diplomate pacificateur qu'on voulait honorer en lui, mais le complice
suppose du pretendant et des emigres. Cependant les royalistes, qui
esperaient, et les republicains, qui craignaient de trouver en lui un
traitre se trompaient egalement. Barthelemy n'etait qu'un homme faible,
mediocre, fidele au pouvoir regnant, et n'ayant pas meme la hardiesse
necessaire pour le trahir. Pour decider son election, qui rencontrait
des obstacles, on repandit qu'il n'accepterait pas, et que sa nomination
serait un hommage a l'homme qui avait commence la reconciliation de la
France avec l'Europe. Cette fable contribua au succes. Il obtint aux
cinq-cents trois cent neuf suffrages, et Cochon deux cent trente. On vit
figurer
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