e sa patrie. Il se servit
d'un Dalmate, intrigant adroit, qui s'etait lie avec Barras, pour gagner
ce directeur. Il parait qu'une somme de 600,000 francs en billets fut
donnee, a la condition de defendre Venise dans le directoire. Mais
Bonaparte, instruit de l'intrigue, la denonca. Venise ne fut pas sauvee,
et le paiement des billets fut refuse. Ces faits, connus du directoire,
y amenerent des explications, et meme un commencement d'instruction;
mais on finit par les etouffer. La conduite de Bonaparte en Italie
fut approuvee, et les premiers jours qui suivirent la nouvelle des
preliminaires de Leoben furent consacres a la joie la plus vive. Les
ennemis de la revolution et du directoire, qui avaient tant invoque la
paix, pour avoir un pretexte d'accuser le gouvernement, furent tres
faches au fond d'en voir signer les preliminaires. Les republicains
furent au comble de leur joie. Ils auraient desire sans doute l'entier
affranchissement de l'Italie; mais ils etaient charmes de voir la
republique reconnue par l'empereur, et en quelque sorte consacree par
lui. La grande masse de la population se rejouissait de voir finir les
horreurs de la guerre, et s'attendait a une reduction dans les charges
publiques. La seance ou les conseils recurent la notification des
preliminaires fut une scene d'enthousiasme. On declara que les armees
d'Italie, du Rhin et de Sambre-et-Meuse, avaient bien merite de la
patrie et de l'humanite, en conquerant la paix par leurs victoires. Tous
les partis prodiguerent au general Bonaparte les expressions du plus vif
enthousiasme, et on proposa de lui donner le surnom d'_Italique_, comme
a Rome on avait donne a Scipion celui d'_africain_.
Avec l'Autriche, le continent etait soumis. Il ne restait plus que
l'Angleterre a combattre; et, reduite a elle-meme, elle courait de
veritables perils. Hoche, arrete a Francfort au moment des plus beaux
triomphes, etait impatient de s'ouvrir une nouvelle carriere. L'Irlande
l'occupait toujours, il n'avait nullement renonce a son projet de
l'annee precedente. Il avait pres de quatre-vingt mille hommes entre le
Rhin et la Nidda; il en avait laisse environ quarante mille dans les
environs de Brest; l'escadre armee dans ce port etait encore toute prete
a mettre a la voile. Une flotte espagnole reunie a Cadix n'attendait
qu'un coup de vent, qui obligeat l'amiral anglais Jewis a s'eloigner,
pour sortir de la rade, et venir dans la Manche combiner ses efforts
avec ceux de la
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