ts de l'Europe. Des courriers arrivant et partant sans cesse,
annoncaient que c'etait la que les destinees du monde venaient aboutir.
Les Italiens enthousiastes attendaient des heures entieres pour voir
le general sortir du palais Serbelloni. De jeunes et belles femmes
entouraient madame Bonaparte, et lui composaient une cour brillante.
Deja commencait cette existence extraordinaire qui a ebloui et domine le
monde.
CHAPITRE IX.
SITUATION EMBARRASSANTE DE L'ANGLETERRE APRES LES PRELIMINAIRES DE
PAIX AVEC L'AUTRICHE; NOUVELLES PROPOSITIONS DE PAIX; CONFERENCES
DE LILLE.--ELECTIONS DE L'AN V.--PROGRES DE LA REACTION
CONTRE-REVOLUTIONNAIRE.--LUTTE DES CONSEILS AVEC LE
DIRECTOIRE.--ELECTION DE BARTHELEMY AU DIRECTOIRE, EN REMPLACEMENT DE
LETOURNEUR, DIRECTEUR SORTANT.--NOUVEAUX DETAILS SUR LES FINANCES DE
L'AN V.--MODIFICATIONS DANS LEUR ADMINISTRATION PROPOSEES PAR
L'OPPOSITION.--RENTREE DES PRETRES ET DES EMIGRES.--INTRIGUES ET COMPLOT
DE LA FACTION ROYALISTE.--DIVISION ET FORCES DES PARTIS.--DISPOSITIONS
POLITIQUES DES ARMEES.
La conduite de Bonaparte a l'egard de Venise etait hardie, mais
renfermee neanmoins dans la limite des lois. Il avait motive le
manifeste de Palma-Nova sur la necessite de repousser les hostilites
commencees; et avant que les hostilites se changeassent en une guerre
declaree, il avait conclu un traite qui dispensait le directoire de
soumettre la declaration de guerre aux deux conseils. De cette maniere,
la republique de Venise avait ete attaquee, detruite et effacee de
l'Europe, sans que le general eut presque consulte le directoire, et le
directoire les conseils. Il ne restait plus qu'a notifier le traite.
Genes avait de meme ete revolutionnee, sans que le gouvernement parut
consulte; et tous ces faits, qu'on attribuait au general Bonaparte
beaucoup plus qu'ils ne lui appartenaient reellement, donnaient de
sa puissance en Italie, et du pouvoir qu'il s'arrogeait, une idee
extraordinaire. Le directoire jugeait en effet que le general Bonaparte
avait tranche beaucoup de questions; cependant il ne pouvait lui
reprocher d'avoir outre-passe materiellement ses pouvoirs; il etait
oblige de reconnaitre l'utilite et l'a-propos de toutes ses operations,
et il n'aurait pas ose desapprouver un general victorieux, et revetu
d'une si grande autorite sur les esprits. L'ambassadeur de Venise a
Paris, M. Quirini, avait employe tous les moyens possibles aupres du
directoire pour gagner des voix en faveur d
|