des modifications a la constitution.
Le doge fit former une commission pour examiner cette proposition. Dans
l'intervalle, on s'agita. Les bourgeois de Genes et les jeunes gens, a
tete ardente se concerterent, et se tinrent prets a une prise d'armes.
De leur cote, les nobles, aides par les pretres, exciterent le
menu-peuple, et armerent les charbonniers et les porte-faix. Le ministre
de France, homme doux et modere, contenait plutot qu'il n'excitait le
parti patriote. Mais le 22 mai, quand les evenemens de Venise furent
connus, les _Morandistes_, comme on les appelait, se montrerent en
armes, et voulurent s'emparer des postes principaux de la ville. Un
combat des plus violens s'engagea. Les patriotes, qui avaient a faire a
tout le peuple, furent battus et souffrirent de cruelles violences. Le
peuple victorieux se porta a beaucoup d'exces, et ne menagea pas les
familles francaises, dont beaucoup furent maltraitees. Le ministre de
France ne fut lui-meme respecte que parce que le doge eut soin de lui
envoyer une garde. Des que Bonaparte apprit ces evenemens, il vit qu'il
ne pouvait plus differer d'intervenir. Il envoya son aide-de-camp
Lavalette pour reclamer les Francais detenus, pour demander des
reparations a leur egard, et surtout pour exiger l'arrestation des trois
inquisiteurs d'etat, accuses d'avoir mis les armes aux mains du peuple.
Le parti patriote, soutenu par cette influence puissante, se rallia,
reprit le dessus, et obligea l'aristocratie genoise a abdiquer, comme
avait fait celle de Venise. Un gouvernement provisoire fut installe,
et une commission envoyee a Bonaparte, pour s'entendre avec lui sur la
constitution qu'il convenait de donner a la republique de Genes.
Ainsi, apres avoir en deux mois soumis le pape, passe les Alpes
Juliennes, impose la paix a l'Autriche, repasse les Alpes et puni
Venise, Bonaparte etait a Milan, exercant une autorite supreme sur
toute l'Italie, attendant, sans la presser, la marche de la revolution,
faisant travailler a la constitution des provinces affranchies, se
creant une marine dans l'Adriatique, et rendant sa situation toujours
plus imposante pour l'Autriche. Les preliminaires de Leoben avaient ete
approuves a Paris et a Vienne; l'echange des ratifications avait ete
fait entre Bonaparte et M. de Gallo, et on attendait incessamment
l'ouverture des conferences pour la paix definitive. Bonaparte a Milan,
simple general de la republique, etait plus influent que tous les
potenta
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