sieur Claude?..."
Le bandit ricanait en se racontant ces choses a lui-meme. Il entra et
vit des portes ouvertes devant lui. Tout a coup, il s'arreta: il venait
d'apercevoir au fond d'une chambre Claude penche sur un lit, Claude qui,
les epaules secouees de sanglots, ralait:
--Elle vit!... Seigneur Jesus qui avez pitie des pauvres gens, vous avez
donc eu pitie de moi aussi!... Violetta, mon enfant, ouvre tes yeux...
Belgodere demeura un instant frappe de stupeur. Puis, rapide et
silencieux, il recula dans la piece voisine qui etait la salle a manger.
Elle etait obscure. Le bohemien, alors, gagna doucement la porte de la
salle a manger, puis la porte exterieure, et il s'eloigna rapidement.
D'instinct, et sans savoir au juste ce qu'il voulait faire, il se
dirigea vers la maison de Fausta. La, il s'arreta. La rage le faisait
trembler. Mais il y avait en lui de l'etonnement plus que de la fureur.
Meditant sur ce qu'il avait vu, Belgodere s'etait approche de la porte
de fer a laquelle il se mit a frapper a coups redoubles. Dix minutes
plus tard, le bohemien etait amene devant Fausta. Il y eut un long
entretien au cours duquel la mysterieuse princesse, ayant frappe sur un
timbre, donna cet ordre a l'homme accouru:
--Qu'on aille a l'instant me chercher le prince Farnese...
L'entretien termine, Belgodere fut conduit a une chambre du palais ou il
fut enferme a double tour. Mais sans doute le bohemien s'attendait a cet
emprisonnement qui, au surplus, etait probablement consenti, car il ne
temoignait ni surprise ni terreur.
Grace aux soins de dame Gilberte qui l'avait deshabillee, couchee et
frictionnee, Violetta revint a elle. Et, lorsque maitre Claude put
entrer dans la chambre, il trouva l'enfant les yeux grands ouverts,
pensive, reveuse, semblant reflechir a des choses douloureuses et
graves.
Il toussa comme pour prevenir Violetta de sa presence, et, de loin,
d'une voix humble et enrouee:
--Tache de dormir; ne pense plus a tout cela; c'est fini, je te dis...
Tu comprends, il faut que tu te reposes pour que demain a la premiere
heure nous puissions partir... non, non, ne dis rien... tais-toi...
Sache seulement que, lorsque nous serons loin de Paris, quand tu seras
en surete... eh bien, tu seras libre de me voir ou de ne pas me voir...
Violetta voulut prononcer quelques mots... Mais deja Claude avait
disparu. Lorsque les premiers rayons du soleil penetrerent dans la
chambre, elle se leva, s'habilla et s'assit
|