dame!...
J'ai deja les ciseaux!...
Et Marie de Montpensier agita les ciseaux d'or qu'elle portait suspendus
a une chainette.
--Vous en voulez donc bien au roi? demanda Fausta.
--Oui, je lui en veux!... N'a-t-il pas eu l'audace de me conseiller
devant toute la cour de me faire faire un soulier plus haut que l'autre!
Comme si je boitais. Voyez, madame, est-ce que je boite? ajouta-t-elle
en faisant quelques pas.
--Non, ma mignonne, vous ne boitez pas. Et il faut avoir l'ame perverse
d'un Herode pour soutenir une telle monstruosite... C'est donc entendu,
c'est vous qui allez infliger a Henri de Valois...
--La tonsure! s'ecria la duchesse consolee.
--Oui. Est-ce la bonne nouvelle que vous m'apportez?...
--Non, madame, et, puisqu'il faut vous le dire tout de suite, sachez que
ma mere la duchesse de Nemours est a Paris! Et je l'ai gagnee a Votre
cause!... Ma mere vient de Rome ou elle a vu Sixte, il y a deux mois.
Elle a eu un long entretien avec celui que les cardinaux rebelles
persistent a appeler encore le pape. Alors... ma mere est revenue
avec la conviction que Sixte est un dangereux hypocrite decide a ne
travailler que pour lui-meme. La voyant dans ces dispositions, je lui
ai parle de ce conclave ou les plus ardents et les plus genereux des
cardinaux se sont reunis pour choisir un nouveau chef... en sorte que
l'Eglise romaine ferait exactement ce que nous voulons faire avec Henri
de Valois... Et elle a accueilli l'idee de ce nouveau pape, du moment
qu'il etait tout acquis aux interets de notre maison...
--C'est vraiment la une bonne nouvelle, ma chere enfant! dit Fausta dans
les yeux de qui passa un eclair. Si la duchesse de Nemours est avec
nous, je crois que de grandes choses s'accompliront avant peu...
--Seulement, reprit alors la duchesse de Montpensier, ma mere veut
connaitre ce nouveau pape avant de s'engager dans une aussi terrible
aventure.
--Je le lui ferai connaitre! Mais vous deviez, disiez-vous, m'annoncer
de mauvaises nouvelles?
--Je reprends donc mon recit: apres son entrevue avec la reine mere, mon
frere est rentre dans son hotel. Il me parla lui-meme de la scene de
l'autre soir; il le fit sans colere... Du moment qu'il a tue, mon frere
est apaise. Loignes etant mort. Guise n'a plus de colere.
--J'ignorais, dit Fausta, que le duc fut a ce point genereux.
--Mais la duchesse de Guise ne l'ignore pas, madame!.... C'est donc sans
etonnement que j'ai vu tout a coup entrer Catherine
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