e une fille impure.
L'abbesse des Benedictines s'inclina.
--Quand cela sera, reprit Fausta, vous me previendrez...
Claudine de Beauvilliers fit une nouvelle reverence, presque un
agenouillement, puis se retira.
--Elles n'osent pas parler, murmura Fausta quand elle fut seule, et
elles osent le reste! Moi, vierge, qu'aucune pensee d'amour n'a
jamais troublee, je sais dire ce qu'il faut, et j'emploie les mots
necessaires...
Elle s'arreta court. Son visage palit soudain. Et son sein se souleva.
Un instant, son regard eperdu demeura fixe sur une image qui, sans
doute, flottait devant ses yeux...
Lorsque Fausta se fut calmee, elle appela et donna un ordre a la
servante qui se presenta.
Quelques instants plus tard, une jolie femme, legere, gracieuse, entra
souriante; et elle etait si legere dans sa marche qu'il fallait y
regarder a deux fois avant de s'apercevoir qu'elle boitait quelque
peu... Celle qui venait d'entrer dans le boudoir de Fausta etait Marie
de Lorraine, duchesse de Montpensier soeur du duc de Guise.
--Quelles nouvelles? demanda Fausta avec un sourire ou il y avait
peut-etre une expression amicale.
--Bonnes et mauvaises...
--Voyons d'abord les mauvaises...
--Eh bien, mon frere...
--Ah! c'est le duc de Guise que concernent les mauvaises nouvelles?
--Oui, ma reine... La, il y a echec sur toute la ligne. D'abord Henri se
reconcilie avec Catherine de Cleves, et ensuite il est plus que jamais
epris de la petite chanteuse, surtout depuis sa disparition...
--Racontez, dit la princesse d'un ton bref.
--Eh bien, voici. Tout d'abord, sachez que mon frere a eu une entrevue
avec la vieille reine. Eh bien, la Medicis s'est soumise!
--En sorte que voila leve l'obstacle le plus redoute par le duc. Rien ne
l'empeche donc de pousser sa victoire?
--Oui. Et la preuve, madame, c'est qu'il veut s'emparer au plus tot de
la personne du roi. Mon frere m'a expose son plan qui est admirable:
feindre une soumission momentanee, aller trouver Valois sous pretexte de
discussion et d'etats generaux a assembler; y aller, d'ailleurs avec des
forces... nos plus intrepides ligueurs seront de la partie... J'en serai
aussi, madame. Alors, on s'empare de Valois, et... tout simplement, on
l'enfermera en quelque bon couvent...
--C'est vraiment admirable, dit Fausta gravement.
--Oh! vous verrez, madame, continua follement la jolie duchesse, ce sera
une haute comedie. Savez-vous qui tonsurera Valois?... Moi, ma
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