son compagnon.
--Qui etait ce compagnon? fit vivement M. Peretti.
--Vous avez devine Maineville. Je vous ai dit mon nom a moi, parce que
vous me l'avez demande. Quant a celui que vous ne connaissez pas et que
je connais, moi, son nom vous est inutile, je le garde pour moi. J'ai
donc pu entendre la conversation de Maineville qui est a M. de Guise,
comme vous l'avez dit. Or, ce que veut faire Maineville me deplait fort,
et je suis venu ici pour l'empecher.
--Que veut-il donc faire?...
--Il veut aller dire a son seigneur et maitre que les millions promis
par le pape Sixte sont arrives... Il paraitrait donc que Sa Saintete,
apres avoir promis, se dedit. Pourquoi? Je n'en sais rien, et peu m'en
chaut. Seulement, Maineville veut revenir ici en force, s'emparer des
precieux sacs de Sa Saintete, porter a M. de Guise tout ce ble pousse
a l'ombre du Vatican et que le duc convertirait en un gateau royal. Et
cela m'ennuie. Je suis venu dire au meunier du ceans: "Brave homme, ce
soir on t'enlevera ton tresor... a moins que je ne m'en mele". J'ai donc
fait signe a deux ou trois hardis compagnons qui, avec moi, seront la
pour recevoir dignement les envoyes de M. le duc de Guise.
--Et pour ce service, dit M. Peretti, pour cette defense que vous
m'offrez, que demandez-vous?
--Rien, repondit Pardaillan.
M. Peretti tressaillit et regarda Pardaillan d'un air soupconneux. Cet
homme n'est-il pas un ennemi envoye d'avance. Mais, devant la figure
loyale de Pardaillan, ses doutes s'envolerent.
--Vous etes un brave chevalier, dit-il, excusez mes defiances, elles
vous sembleront naturelles quand vous saurez que je suis responsable de
tout cet argent. Je parlerai de vous a notre Saint-Pere, vous pouvez en
etre assure, et il trouvera, lui, une recompense digne de vous.
--Ma recompense est toute trouvee, dit Pardaillan, narquois. Ne vous en
inquietez donc pas, je vous en prie.
M. Peretti, encore une fois, demeura perplexe.
"Quel diable d'homme est-ce la?" songea-t-il.
Et, pour penetrer le mystere, il pria le chevalier a diner avec lui, ce
que Pardaillan s'empressa d'accepter.
Pendant ce repas, il remarqua plusieurs choses: d'abord, que le diner
etait de beaucoup trop delicat pour un simple meunier; ensuite, que M.
Peretti etait entoure d'un respect etrange. Il en conclut qu'il avait
affaire a quelque haut et puissant seigneur au service de Sixte-Quint.
Le diner finissait lorsque le duc d'Angouleme arriva escorte de Pic
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