hemien.
--Saizuma? demanda Pardaillan.
--Oui: la diseuse de bonne aventure... une folle.
--Et cette Saizuma a-t-elle disparu aussi?
--Je l'ignore, monseigneur; nous n'avons pas remis les pieds a l'auberge
de l'Esperance... Mais monseigneur n'a pas repondu a la demande que
j'avais l'honneur de lui soumettre humblement.
--Ah! oui... vous cherchez un maitre, et il vous conviendrait que ce
maitre, ce fut moi?... Eh bien, je vous repondrai la-dessus demain
matin. Demeurez donc ici pour cette nuit encore et nous verrons... Mais,
dites-moi, cette Saizuma... vous dites que c'est une folle?...
--Du moins, elle parait telle. D'ailleurs, elle parle fort peu, si ce
n'est pour exercer son metier qui est de lire dans la main des gens.
--Savez-vous si elle connaissait la petite chanteuse?
--Qui peut savoir ce que pense Saizuma? Elle est un mystere vivant. Son
visage meme nous est inconnu, car elle porte toujours un masque.
Pardaillan demeura pensif. Cette mysterieuse bohemienne excitait sa
curiosite. Il songea a la douleur de Charles d'Angouleme. Il se dit que,
s'il pouvait retrouver la piste de la disparue, s'il pouvait creer
ce bonheur de deux amants reunis grace a lui, ce lui serait une joie
presque aussi puissante que de retrouver Maurevert.
Il se mit donc en route pour l'auberge de l'Esperance et y penetra au
moment meme ou l'hote fermait les portes, a cause du couvre-feu qui
sonnait. Mais, pour certains cabarets borgnes de Paris, la fermeture
n'etait qu'apparente.
En entrant, le chevalier vit que la salle etait occupee par une
vingtaine de buveurs, hommes ou femmes, et il alla s'installer a une
table, comptant se renseigner aussitot aupres de l'hote. L'honorable
assemblee qui s'abreuvait se composait, bien entendu, de truands et de
ribaudes. L'une de ces femmes, voyant le chevalier prendre place a
une table isolee, quitta le groupe dont elle faisait l'ornement, pour
s'approcher de Pardaillan. Elle s'assit devant lui, les coudes sur la
table, et se mit a rire.
Devant ce rire, Pardaillan demeura grave et paisible.
--Par la tete et le ventre! cria a ce moment l'un des buveurs, veux-tu
venir ici, Loison!
Le chevalier tressaillit et palit. Ce nom fit monter a son cerveau une
bouffee de souvenirs.
Tu t'appelles Loison? demanda-t-il a la ribaude.
Loise, mon prince...
Un instant, il ferma les yeux. Puis il secoua la tete.
--Ah! ca, gronda le buveur, truand trapu a la tignasse rouge,
faudra-t-il q
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