se de
brocart, seme de perles et de pierreries." Apres l'escadron feminin
apparaissait le Roi-Soleil, "ne se faisant pas moins connaitre a cette
haute mine qui lui est particuliere qu'a son riche vetement a la
hongroise, couvert d'or et de pierres precieuses, avec un casque ondoye de
plumes, et a la fierte de son cheval, qui semblait plus superbe de porter
un si grand monarque que de la magnificence de son caparacon et de sa
housse pareillement couverte de pierreries[1]." Venaient ensuite:
Monsieur, frere du roi, en costume de Turc, puis le duc d'Engien, habille
en Indien, puis les autres seigneurs, qui formaient dix quadrilles.
[Note 1: _Gazette_ de 1667.]
Le 10 juillet 1668, nouvelles rejouissances: dans la journee,
representation des _Fetes de l'Amour et de Bacchus_, paroles de Quinault,
musique de Lulli, et de _Georges Dandin_, joue par Moliere et par sa
troupe; le soir, festin et bal; a 2 heures du matin, illuminations. Le
pourtour du parterre de Latone, la grande allee, la terrasse et la facade
du palais etaient decores de statues, de vases, de candelabres eclaires
d'une maniere ingenieuse, qui les faisait paraitre comme enflammes a
l'interieur. Les fusees des feux d'artifice se croisaient au-dessus du
chateau, et, lorsque toutes ces lumieres s'eteignaient, dit Felibien en
terminant le recit de la fete, on s'apercut que le jour, "jaloux des
avantages d'une belle nuit," commencait a poindre.
Le 17 septembre 1672, la troupe du roi representait les _Femmes savantes_
de Moliere, qui furent, dit la _Gazette_, "admirees d'un chacun." Du 8
fevrier au 19 avril 1674, Bourdalouc prechait le careme a Versailles; le
11 juillet, on y jouait le _Malade imaginaire_ de Moliere, mort l'annee
precedente; au mois d'aout, il y avait une serie de grandes fetes.
Felibien fait une description saisissante de la nuit du 31 aout 1674, ou
l'on vit tout a coup, sous un ciel sans etoiles et du noir le plus sombre,
un ruissellement inoui de lumieres. Tous les parterres etincelaient. La
grande terrasse qui est devant le chateau etait bordee d'un double rang de
feux espaces a deux pieds l'un de l'autre. Les rampes et les degres du fer
a cheval, tous les massifs, toutes les fontaines, tous les bassins
resplendissaient de mille flammes. De l'Italie etait venu cet art
pyrotechnique, ce melange de feux, de fleurs et d'eau, qui faisait
ressembler le parc au jardin d'Armide. Les rives du grand canal etaient
ornees de statues et de decorations d'a
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