'apres le taux du ble; il
donnerait ainsi une valeur quatre fois trop grande. On ne savait donc
pas quelle mesure adopter pour les valeurs. Le depute Raffron proposa, a
partir du 30 du mois, de faire baisser les assignats d'un pour cent par
jour. On se recria sur-le-champ que c'etait une banqueroute, comme si ce
n'en etait pas une que de reduire les assignats au cours de l'argent ou
du ble, c'est-a-dire de leur faire perdre tout a coup quatre-vingt-dix
pour cent. Bourdon, qui parlait sans cesse de finances sans les
entendre, fit decreter qu'on refuserait d'ecouter toute proposition
tendante a la banqueroute.
Cependant la reduction de l'assignat au cours avait un inconvenient des
plus graves. Si dans tous les paiemens, soit de l'impot, soit des
fermages, soit des creances echues, soit des biens nationaux, on ne
prenait plus l'assignat qu'aux taux ou il descendait chaque jour, la
baisse n'avait plus de terme, car plus rien ne l'arretait. Dans l'etat
actuel, en effet, l'assignat pouvant servir encore par sa valeur
nominale au paiement de l'impot, des fermages, de toutes les sommes
echues, avait un emploi qui donnait encore une certaine realite a sa
valeur; mais si partout il n'etait recu qu'au taux du jour, il devait
baisser indefiniment et sans mesure. L'assignat emis aujourd'hui pour
1,000 fr. pouvait ne plus valoir le lendemain que 100 francs, qu'un
franc, qu'un centime; il ne ruinerait plus personne, il est vrai, ni les
particuliers ni l'etat; car tous ne le prendraient que pour ce qu'il
vaudrait; mais sa valeur, n'etant forcee nulle part, allait s'abimer
sur-le-champ. Il n'y avait pas de raison pour qu'un milliard nominal ne
tombat pas a un franc reel, et alors la ressource du papier-monnaie,
indispensable encore au gouvernement, allait lui manquer tout a fait.
Dubois-Crance, trouvant tous ces projets dangereux, s'opposa a la
reduction des assignats au cours, et negligeant les souffrances de ceux
qui etaient ruines par le paiement en papier, proposa seulement d'exiger
l'impot foncier en nature. L'etat pouvait s'assurer ainsi le moyen de
nourrir les armees et les grandes communes, et s'eviter une emission de
3 a 4 milliards de papier, qu'il depensait pour se procurer des denrees.
Ce projet, qui parut seduisant d'abord, fut ecarte ensuite apres un mur
examen: il fallut en chercher un autre.
Mais dans l'intervalle, le mal s'accroissait chaque jour; des revoltes
eclataient de toutes parts a cause de la disette des su
|