huit cents millions d'assignats par mois,
a cause de leur grande depreciation. La premiere chose a faire en
attendant l'effet des pretendues mesures qui devaient les retirer et les
relever, c'etait de retablir le rapport entre leur valeur nominale et
leur valeur reelle, de maniere que la republique, le creancier de
l'etat, le proprietaire des terres, les capitalistes, tous les individus
enfin payes en papier, ne fussent pas ruines. Johannot proposa de
revenir aux metaux pour mesure des valeurs. On devait constater, jour
par jour, le taux des assignats par rapport a l'or ou a l'argent, et ne
les plus recevoir qu'a ce taux. Celui auquel il etait du 1,000 francs
recevait 10,000 francs en assignats, si les assignats ne valaient plus
que le dixieme des metaux. L'impot, les fermages, les revenus de toute
espece, la propriete des biens nationaux, seraient payes en argent ou
en assignats au cours. On s'opposa a ce choix de l'argent pour terme
commun de toutes les valeurs, d'abord par une ancienne haine pour les
metaux, qu'on accusait d'avoir tue le papier, ensuite parce que les
Anglais en ayant beaucoup, pourraient, disait-on, les faire varier a
leur gre, et seraient ainsi maitres du cours des assignats. Ces raisons
etaient fort miserables; mais elles deciderent la convention a rejeter
les metaux pour mesure des valeurs. Alors Jean-Bon-Saint-Andre proposa
d'adopter le ble, qui etait chez tous les peuples la valeur essentielle
a laquelle toutes les autres devaient se rapporter. Ainsi, on
calculerait la quantite de ble que pouvait procurer la somme due, a
l'epoque ou la transaction avait eu lieu, et on paierait en assignats la
valeur suffisante pour acheter aujourd'hui la meme quantite de ble.
Ainsi, celui qui devait ou une rente, ou un fermage, ou une contribution
de 1,000 francs a une epoque ou 1,000 francs representaient cent
quintaux de ble, donnerait la valeur actuelle de cent quintaux de ble en
assignats. Mais on fit une objection. Les malheurs de la guerre et les
pertes de l'agriculture avaient fait hausser considerablement le ble par
rapport a toutes les autres denrees ou marchandises, il valait quatre
fois davantage. Il aurait du, d'apres le cours actuel des assignats, ne
couter que dix fois le prix de 1790, c'est-a-dire 100 fr. le quintal;
et il en coutait cependant 400. Celui qui devait 1,000 francs en 1790,
devrait aujourd'hui 10,000 francs d'assignats en payant d'apres le taux
de l'argent, et 40,000 francs en payant d
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