orce armee seraient
mandes a la commune pour y recevoir ses ordres. Une deputation avait ete
envoyee aux jacobins pour qu'ils vinssent fraterniser avec la commune, et
qu'ils envoyassent au conseil general leurs membres les plus energiques et
un bon nombre de _citoyens et citoyennes des tribunes_. Sans enoncer encore
l'insurrection, la commune en prenait tous les moyens et marchait
ouvertement a ce but. Elle ignorait l'arrestation des cinq deputes, et
c'est pourquoi elle gardait encore quelque reserve.
Pendant ce temps, Henriot etait monte a cheval et courait les rues de
Paris. Chemin faisant, il apprend qu'on a arrete cinq representans; alors
il se met a exciter le peuple, en criant que des scelerats oppriment les
deputes fideles, qu'ils ont arrete Couthon, Saint-Just et Robespierre. Ce
miserable etait a moitie ivre; il s'agitait sur son cheval et brandissait
son sabre comme un frenetique. Il se rend d'abord au faubourg Saint-Antoine
pour soulever les ouvriers, qui comprenaient a peine ce qu'il voulait dire,
et qui d'ailleurs commencaient a s'apitoyer en voyant passer tous les jours
de nouvelles victimes. Par un hasard fatal, Henriot rencontre les
charrettes. En apprenant l'arrestation de Robespierre, on les avait
entourees; et comme Robespierre etait suppose l'auteur de tous les
meurtres, on s'imaginait que, lui arrete, les executions devaient finir. On
voulait, en consequence, faire rebrousser chemin aux condamnes. Henriot,
survenant en cet instant, s'y oppose et fait consommer encore cette
derniere execution. Il revient ensuite, toujours au galop, jusqu'au
Luxembourg, et ordonne a la gendarmerie de se reunir a la place de la
maison commune. Il prend un detachement a sa suite, descend le long des
quais pour se rendre a la place du Carrousel et aller delivrer les
prisonniers qui se trouvaient au comite de surete generale. En courant sur
les quais avec ses aides-de-camp, il renverse plusieurs personnes. Un homme
qui avait sa femme sous son bras, se tourne vers les gendarmes, et s'ecrie:
"Gendarmes, arretez ce brigand, il n'est plus votre general!" Un
aide-de-camp lui repond par un coup de sabre. Henriot continue sa route, et
se jette dans la rue Saint-Honore; arrive sur la place du Palais-Egalite
(Palais-Royal), il apercoit Merlin de Thionville, et pousse a lui en
criant: "Arretez ce coquin! c'est un de ceux qui persecutent les
representans fideles!" On s'empare aussitot de Merlin, on le maltraite et
on le conduit au pr
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