que homme de plus qui sait lire est un lecteur de plus pour Moliere.
Janvier 1835.
(Voir sur Moliere considere dans ses rapports avec Pascal, _Port-Royal_,
liv. III, ch. XV et XVI.)
[Note 18: _Avant qu'un peu de terre,_ etc., dans l'Epitre a Racine.
Je ferai remarquer que, malgre la brouillerie ancienne de Moliere et de
Racine, c'etait par l'eclatant exemple de Moliere que Boileau songeait a
consoler l'auteur de _Phedre_ des critiques injustes qu'il essuyait. Il
n'entrait pas dans la pensee de Boileau que cet eloge de Moliere
put deplaire a Racine: il y avait equite et decence jusque dans les
brouilleries des grands hommes de ce temps-la.]
[Note 19: Cet ensemble n'eut lieu qu'apres la reunion du theatre
de l'Odeon avec celui du Palais-Royal ou _de la Republique_; car les
opinions politiques avaient aussi separe la Comedie en deux camps.
Revenue a son complet par une reconciliation, la Comedie-Francaise
presentait alors, pour les pieces de Moliere, Grandmesnil, Mole, Fleury,
Dazincourt, Dugazon, Baptiste aine, mesdemoiselles Contat, Devienne,
mademoiselle Mars deja; le vieux Preville reparut meme deux ou trois
fois dans _le Malade imaginaire_. Un pareil moment ne se reproduira plus
jamais pour le jeu de ces pieces immortelles.]
DELILLE
Rien n'est doux comme, apres le triomphe, de revenir sur les
entrainements de la lutte, et d'etre juste, impartial, pour ceux qu'on a
blesses dans l'attaque et malmenes. Ces sortes d'amnisties ont surtout
leur charme en affaires litteraires, et l'esprit, dont le propre est de
comprendre, jouit du plaisir singulier de se rendre compte, apres-coup,
de ce qu'il avait d'abord nie, et de ce qu'il a, autant qu'il l'a
pu, detruit. Il devra paraitre a quelques-uns, je le sens, assez
presomptueux d'etre indulgent de cette sorte envers Delille, et de
se donner a son egard pour des victorieux radoucis. Ou donc est la
victoire, peut-on dire, et qu'avez-vous produit, vous, Ecole poetique
nouvelle, qui soit si superieur et si a l'abri d'un revers? Sans
repondre a ce qu'aurait de trop direct la question, et d'embarrassant
pour l'orgueil ou pour la modestie, il est permis d'affirmer, selon
l'entiere evidence, que la victoire de l'ecole nouvelle se prouve du
moins dans la ruine complete de l'ancienne, et que des lors on a loisir
de juger sans colere et de mesurer en detail celle-ci, dut quelque
partisan de l'heureux Pompee de cette poesie nous venir dire:
O soupirs! o respects! o qu'il
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