a-Mousson, a Strasbourg, recu dans chaque ville par les
gouverneurs, par les colonels a la tete de leurs regiments, par les
marechaux de Stainville et de Contades au sein de leurs etats-majors,
et commandant lui-meme _les petites guerres_. Dans une bonne edition
complete de Delille, on aurait a profiter de ce manuscrit, qui nous
apprend aussi quelque chose sur sa veuve. Sans y rien trouver qui refute
directement les traits semes dans cet article, nous avons pu y voir
des marques d'une nature franche, devouee, sincere, et il nous a paru
tres-concevable en effet que ceux qui ont connu madame Delille l'aient
jugee autrement que le monde, les indifferents, ou les simples amis
litteraires du poete. Quant a l'anecdote des dix louis qui aurait paru
presque odieuse, nous la reduirons a sa valeur en degageant notre
pensee. Nous avons voulu dire simplement que, quand Delille donnait une
seance au Lycee, celle seance etait retribuee, comme pareille chose se
pratique tous les jours pour d'autres artistes estimables, chanteurs,
acteurs; il n'y a, en fait, aucun mal moral a cela. On n'en a pretendu
tirer qu'une remarque de gout.)
--On peut voir, dans les _Notes et Sonnets_ qui font suite aux _Pensees
d'aout_, un sonnet adresse a M. Mole en remerciement d'un bienfait,
d'un secours qu'il accorda, sur notre information, a la soeur de madame
Delille qui vivait encore a cette date, et dans un etat de gene voisin
de la misere.
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE
Le sentiment qu'on a de la nature physique exterieure et de tout
le spectacle de la creation appartient sans doute a une certaine
organisation particuliere et a une sensibilite individuelle; mais il
depend aussi beaucoup de la maniere generale d'envisager la nature et
la creation elle-meme, de l'envisager comme creation ou comme forme
variable d'un fonds eternel; d'apprecier sa condition par rapport au
bien et au mal; si elle est pleine de pieges pour l'homme, ou si elle
n'est animee que d'attraits bienfaisants; si elle est, sous la main
d'une Providence vigilante, un voile transparent que l'esprit souleve,
ou si elle est un abime infini d'ou nous sortons et ou nous rentrerons.
Il y a des doctrines philosophiques et religieuses qui favorisent ce
sentiment vif qu'on a de la nature; il y en a qui le compriment et
l'etouffent. Le stoicisme, le calvinisme, un certain catholicisme
janseniste, sont contraires et mortels au sentiment de la nature;
l'epicureisme, qui ne veut que les surfac
|