ni ne se soumet, mais qui combat
toujours, et nous souvenant de plusieurs encore que nous ne nommons
pas, il nous semble hardiment que nous pouvons redire: "Non, dans la
tentative qui s'est emue depuis lui, non, nous tous, nous n'avons pas
tout a fait erre. La poesie etait morte en esprit, perdue dans le
delayage et les fadeurs: nous l'avons sentie, nous l'avons relevee, les
uns beaucoup, les autres moins, et si peu que ce soit dans nos oeuvres,
mais haut dans nos coeurs; et l'Art veritable, le grand Art, du moins en
image et en culte, a ete ressaisi et continue!"
1er Aout 1837.
[Note 50: M. de Lamartine.]
[Note 51: M. Victor Hugo.]
(Peu apres la premiere publication de ce morceau dans la _Revue des Deux
Mondes_, nous recumes de la part d'une personne honorable, qui avait
beaucoup connu madame Delille, quelques observations que nous nous
faisons un devoir de consigner ici: "Je viens, monsieur, ecrivait-on,
de lire votre article sur Delille; je n'appellerai pas de votre arret,
quoique bien rigoureux: mais sur la foi de qui imprimez-vous que _pour
dix louis il recitait des vers au Lycee_? Ah! monsieur!... Je n'aurais
rien dit de quelques injurieuses allegations contre sa veuve. C'est
chose convenue d'en faire une seconde Therese Le Vasseur... Je l'ai bien
connue, et jusqu'a sa mort, moi qui vous parle ici, monsieur, et dans ma
vie entiere deja longue, je n'ai jamais rencontre son egale, coeur
et ame; ses dernieres annees se sont eteintes dans les plus ameres
epreuves, sans qu'un seul jour elle ait dementi le noble nom confie
a son honneur; mais, je l'avoue, elle avait les inconvenients de ses
qualites, une franchise indomptable surtout, qui lui a valu la plupart
de ses ennemis: l'ingratitude a fait les autres.--Je n'ai nul interet,
monsieur, dans cette protestation posthume; mais vous me paraissez digne
de la verite, et je viens de la dire.--Au reste, si vous teniez aux
details _reels_ de la vie intime de Delille, je vous offre le manuscrit
laisse par sa veuve..." Ce manuscrit nous a ete communique, en effet,
par la confiance de la personne qui l'a entre les mains, et nous en
avons tenu compte dans cette reimpression. Il renferme plus d'une
particularite naive et piquante qui s'en pourrait extraire, notamment
d'abondants details sur l'enfance de Delille, sur sa mere qui se nommait
madame Marie-Hieronyme Berard de Chazelle. On y lit le tres-amusant
recit d'un voyage que fit l'abbe Delille, en 1786, a Metz, a
Pont-
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