yrique au contraire, et qu'il ne
parle qu'en son nom, ces singularites fortes peuvent n'etre que des
traits de caractere qu'on admet, ou que meme on admire.--Il s'agit, dans
ce qui precede, des drames de Victor Hugo, desquels, au lendemain des
_Bargraves_, quelqu'un disait: "Ce sont les marionnettes de l'ile des
Cyclopes."]
Moliere ne separait pas les oeuvres dramatiques de la representation
qu'on en faisait, et il n'etait pas moins directeur et acteur excellent
qu'admirable poete. Il aimait, avons-nous dit, le theatre, les planches,
le public; il tenait a ses prerogatives de directeur, a haranguer en
certains cas solennels, a intervenir devant le parterre parfois orageux.
On raconte qu'un jour il apaisa par sa harangue MM. les mousquetaires
furieux de ce qu'on leur avait supprime leurs entrees. Comme acteur, ses
contemporains s'accordent a lui reconnaitre une grande perfection dans
le jeu comique, mais une perfection acquise a force d'etude et de
volonte. "La nature, dit encore Mademoiselle Poisson, lui avoit refuse
ces dons exterieurs si necessaires au theatre, surtout pour les roles
tragiques. Une voix sourde, des inflexions dures, une volubilite de
langue qui precipitoit trop sa declamation, le rendoient de ce cote fort
inferieur aux acteurs de l'hotel de Bourgogne. Il se rendit justice et
se renferma dans un genre ou ses defauts etoient plus supportables. Il
eut meme bien des difficultes pour y reussir et ne se corrigea de cette
volubilite, si contraire a la belle articulation, que par des efforts
continuels qui lui causerent un hoquet qu'il a conserve jusqu'a la mort
et dont il savoit tirer parti en certaines occasions. Pour varier ses
inflexions, il mit le premier en usage certains tons inusites, qui
le firent d'abord accuser d'un peu d'affectation, mais auxquels on
s'accoutuma. Non-seulement il plaisoit dans les roles de Mascarille, de
Sganarelle, d'Hali, etc., etc.; il excelloit encore dans les roles de
haut comique, tels que ceux d'Arnolphe, d'Orgon, d'Harpagon. C'est alors
que par la verite des sentiments, par l'intelligence des expressions et
par toutes les finesses de l'art, il seduisoit les spectateurs au point
qu'ils ne distinguoient plus le personnage represente d'avec le comedien
qui le representoit. Aussi se chargeoit-il toujours des roles les plus
longs et les plus difficiles." Tous les contemporains, De Vise, Segrais,
sont unanimes sur ce succes prodigieux obtenu par Moliere des qu'il
consentait a d
|