a ce que, n'entendant rien aux
affaires, il ne se noyait pas dans les details. En trois mois les
brevets de Barincq furent vendus, ses proces abandonnes, son mariage fut
fait, l'usine fut achetee et l'on se trouva en etat de marcher;
l'industrie de la teinture, chauffee par les articles des journaux que
Sauval inspirait quand il ne les dictait pas, etait dans l'attente de la
revolution annoncee.
On marcha, en effet, mais, chose extraordinaire, les experiences si
concluantes, si admirables dans le laboratoire de Sauval, ne donnerent
pas industriellement les resultats attendus: si les rouges presentaient
une certaine solidite bien eloignee cependant de l'indestructibilite du
noir d'aniline, les autres couleurs etaient d'une extreme fugacite.
Cette chute terrible n'avait pas ecrase Sauval, et meme elle ne l'avait
nullement ebranle; a l'emoi de Barincq il s'etait contente de repondre
qu'il fallait rester calme parce qu'il voyait clair. Cette deception
n'etait rien. Il allait se mettre au travail comme il le devait,
puisqu'il s'etait engage a faire profiter la fabrique de tous les
developpements et de toutes les ameliorations que ses brevets pouvaient
recevoir de ses recherches scientifiques, et avant peu ce leger accroc
serait repare. Il voyait clair. En attendant il n'y avait qu'a continuer
la fabrication des anciens produits. Cela sauvait la situation et
demontrait combien il avait ete sage de faire acheter cette vieille
usine au lieu d'en creer une nouvelle qui n'eut pas eu de clientele.
Ce qu'il avait ete surtout, c'etait avise pour ses interets, puisque,
sur la vente des produits fabriques d'apres les anciens procedes, il
touchait sa redevance: un peu de patience, ce n'etait plus maintenant
qu'une affaire de temps; le succes etait certain; encore quelques jours,
encore un seul.
Le temps avait marche sans que les couleurs qui devaient bouleverser
l'industrie devinssent plus solides; on vendait du rouge; personne
n'achetait du ponceau, du bleu, du vert, du jaune; et, pendant que les
perfectionnements annonces se faisaient attendre, la fabrique de
produits chimiques executant son marche continuait a livrer chaque jour
les matieres necessaires a la fabrication des nouvelles couleurs...
qu'on ne fabriquait pas, par cette raison qu'on ne trouvait pas a les
vendre.
La foi que le maitre avait inspiree a l'eleve s'etait ebranlee: a payer
la redevance de dix pour cent, le plus clair des benefices realises sur
la fabri
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