it pu t'enlever un heritage qui
t'appartient a tant de titres.
--C'est au moment de la mort qu'on repare les faiblesses de sa vie.
--Si Gaston a pu a une certaine heure faire le testament dont parle
Rebenacq, certainement il l'a detruit.
--C'est pour cela et non pour autre chose qu'il l'a repris.
--A la levee des scelles ne manque pas de nous envoyer des depeches.
--Tu nous ameneras ta fille.
--Nous la marierons dans le pays.
Enfin il fut libre de s'occuper des siens et d'ecrire a sa femme une
lettre pour completer son telegramme du matin, dans lequel il avait pu
dire seulement qu'il etait retenu au chateau par des affaires
importantes. Dans sa lettre il expliqua ce qu'etait cette affaire
importante, et, sans repeter les esperances de ses cousins, il dit au
moins les suppositions de Rebenacq; un fait etait certain: pour le
moment il n'y avait pas de testament; l'inventaire en ferait-il trouver
un? c'etait ce que personne ne pouvait affirmer ni meme prevoir en
s'appuyant sur de serieuses probabilites; pour lui, il n'avait pas
d'opinion, il ne concluait pas; c'etait trois jours a attendre.
Quand il eut acheve cette longue lettre, le soir tombait, un de ces
soirs doux et lumineux propres a ce pays ou si souvent la nature semble
s'endormir dans une poetique serenite, et n'ayant plus rien a faire il
sortit, laissant ses pas le porter ou ils voudraient.
Ce fut simplement dans le parterre joignant immediatement le chateau, et
il y demeura, prenant un plaisir melancolique a rechercher les plantes
qui avaient ete les amies de ses annees d'enfance, et qu'il retrouvait
telles qu'elles etaient cinquante ans auparavant, sans qu'aucun
changement eut ete apporte dans leur culture ou dans leur choix par des
jardiniers en peine de la mode; dans les bordures de buis taillees en
figures geometriques c'etait toujours la meme ordonnance de vieilles
fleurs: primeveres, corbeilles d'or et d'argent, juliennes, ancolies,
ravenelles, giroflees, jacinthes, anemones, renoncules, tulipes; et en
les regardant dans leur epanouissement, en respirant leur parfum
printanier qui s'exhalait dans la douceur du soir, il se prenait a
penser que la vie qui s'etait si furieusement precipitee sur lui en
luttes et en catastrophes s'etait arretee dans cette tranquille maison.
Que n'etait il reste a son ombre, uni avec son frere, ainsi que celui-ci
le lui proposait! Ah! si la vie se recommencait, comme il ne referait
pas la meme folie, et ne c
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