iviers et trop de poussiere. Mais ce n'est la
faute de personne et cela ne m'empechera pas de lui garder un tendre
souvenir.
Adieu encore, cher enfant, et a vous de coeur plus que jamais.
CDLXXX
A M. MAURICE SAND, A ALGER
Nohant, 8 juin 1861.
Nous sommes rentres aujourd'hui a Nohant a cinq heures, et je vas tres
bien, mon cher enfant; je ne suis pas fatiguee, bien que la journee
d'hier, de Lyon a Montlucon, soit longue et fatigante. On ne reste
en chemin de fer que onze heures, mais on en perd trois a Moulins.
N'importe, nous voila. Nous avons couche a Montlucon et dejeune avec le
pere Brothier, qui nous a beaucoup parle de tes aquarelles. Il a ete a
Paris voir l'Exposition, et il a vu foule autour de tes petits Romains.
_Le Constitutionnel_ en parle avec eloge. C'est le seul article que
j'aie encore trouve sous ma main. Je te garderai ceux que je pourrai
recolter.
J'ai recu a Montlucon ta lettre du 28, Sylvain ayant eu l'esprit de me
l'apporter en venant me chercher avec la voiture.
Je vois que tu vois du beau, du _n_ deg. 1! Et, d'apres tes indications, je
me represente assez bien ce qui te frappe. J'espere que tu n'as pas ete
assez loin pour rencontrer (dans la province de Constantine) un orage de
grele qui a tue des hommes et des animaux. Tu ne me dis pas comment tu
arpentes le pays: si c'est en voiture, a cheval, a pied, a autruche ou
a chameau. L'essentiel, c'est que tu te portes bien et que tu puisses
dire: _Magnifique! magnifique_! C'est une jouissance, n'est-ce pas, que
d'etre aux premieres loges du beau theatre de la nature? J'en ai pris
une bonne goulee en Savoie. Il y a peut-etre plus beau encore; mais
c'est si beau, qu'on ne songe a rien de mieux quand on y est. Il
faudra absolument que nous allions y passer un mois, un de ces futurs
printemps. C'est un tres petit voyage en somme, et l'on y est tres bien
sous tous les rapports.
Nous y avons couru a travers de grandes averses qui rejouissent fort les
Savoyards, prives d'eau depuis deux mois. Nous arrivons ici, on crie la
meme chose et voila que la pluie tombe ce soir par torrents. C'est assez
singulier que nous soyons depuis Toulon (dix jours) a la poursuite de
gros orages qui filent devant nous et qui crevent la ou nous arrivons.
Mais ici la pluie arrive trop tard. Apres la gelee, la secheresse a sevi
durement. Les foins, les bles, la vigne, les fruits, tout va mal, et
l'annee sera mauvaise en produ
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