es bien arrange comme ca par le bon Dieu.--Elles doivent
s'aimer d'autant plus qu'elles different, et la charmante Anais me
parait un bien precieux dans la famille.
Mais voila trois heures du matin et j'espere que vous ronflez tous,
meme vous, qui dormez si peu, mais qui ne vous amusez pas, j'espere, a
attendre le lever de la comete. Elle est un peu belle, n'est-ce pas?
Quelle queue!--Elle doit se lever du cote de Saint-Mandrier, etre sur
Mer-Vive et Tamaris entre dix et onze heures du soir et se coucher
derriere les gorges d'Ollioules, meme un peu plus a gauche. Dites-moi si
c'est comme ca.
Nous ne l'avons vue que ce soir. Depuis huit jours, nous avons de la
pluie, a la grande joie des habitants, qui etaient a sec depuis deux
mois. Je vas me coucher. Bonsoir, chers enfants. Je vous embrasse tous
quatre bien tendrement.
Maurice a aujourd'hui trente-huit ans; moi, dans cinq jours, j'en aurai
cinquante-sept. Voila deux journees que nous avons rarement passees, lui
et moi, sans nous embrasser. Solange, par compensation, est ici et vous
envoie tous ses compliments et amities.
CDLXXXV
A M. VICTOR BORIE, A PARIS
Nohant, 2 juillet 1861.
Mon cher gros,
Calamatta m'a dit que l'on faisait courir un bruit que je t'autorise a
dementir a l'occasion. Ce bruit, c'est que l'empereur m'avait envoye
vingt-cinq mille francs, en dedommagement du prix que m'a refuse
l'Academie. Cela n'est pas. Je sais que l'intention y etait, sous forme
de vingt mille francs ou d'autre chose; on a ete charge de me demander
si j'acceptais. J'ai ete reconnaissante de l'intention; mais j'ai refuse
de recevoir quoi que ce fut.
Si, dans quelque journal, on pretendait le contraire, je te prierais de
m'en avertir, afin que je le demente officiellement. Avertis Emile de
cela, j'ai la tete a autre chose et je n'ai pas pense, depuis huit
jours, a lui en donner avis.
CDLXXXVI
A M. ARMAND BARBES, A LA HAYE
Nohant, 11 juillet 1861.
Mon ami,
J'apprends de Londres, par Pichon, que vous avez ete recemment tres
gravement indispose. On pense que le climat de la Haye ne vous convient
pas. Pouvez-vous hesiter a chercher un ciel plus clement pour vous?
ne savez-vous pas ce que vos amis perdraient en vous perdant, et
croyez-vous ne rien devoir a nous tous qui vous aimons tant? Les
circonstances ont ralenti ou intercepte nos relations; mais vous n'etes
pas de ceux qui d
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