declare que ma conscience ne me
reproche rien, et que mes defenseurs vous ont dit la verite.
"Je n'ai jamais craint que ma conduite fut examinee publiquement; mais mon
coeur est dechire de trouver dans l'acte d'accusation l'imputation d'avoir
voulu faire repandre le sang du peuple, et surtout que les malheurs du 10
aout me soient attribues!
"J'avoue que les preuves multipliees que j'avais donnees, dans tous les
temps, de mon amour pour le peuple, et la maniere dont je m'etais toujours
conduit, me paraissaient devoir prouver que je ne craignais pas de
m'exposer pour epargner son sang, et eloigner a jamais de moi une pareille
imputation."
Le president demande ensuite a Louis XVI s'il ne lui restait plus rien a
dire pour sa defense. Louis XVI ayant declare qu'il a tout dit, le
president lui annonce qu'il peut se retirer. Conduit dans une salle
voisine avec ses defenseurs, il s'occupe avec sollicitude du jeune Deseze,
qui parait fatigue d'une longue plaidoirie. Ramene ensuite en voiture, il
parle avec la meme serenite a ceux qui l'escortent, et arrive au Temple a
cinq heures. A peine avait-il quitte la convention, qu'un orage violent
s'y etait eleve. Les uns voulaient qu'on ouvrit la discussion; les autres,
se plaignant des delais eternels qu'on apportait a la decision de ce
proces, demandaient sur-le-champ l'appel nominal, en disant que dans tout
tribunal, apres avoir oui l'accuse, on passait aux voix. Lanjuinais
nourrissait depuis le commencement du proces une indignation que son
caractere impetueux ne lui permettait plus de contenir. Il s'elance a la
tribune, et au milieu des cris qu'excite sa presence, il demande non pas
un delai pour la discussion, mais l'annulation meme de la procedure;
il s'ecrie que le temps des hommes feroces est passe, qu'il ne faut pas
deshonorer l'assemblee en lui faisant juger Louis XVI; que personne n'en a
le droit en France, et que l'assemblee particulierement n'a aucun titre
pour le faire; que si elle veut agir comme corps politique, elle ne peut
prendre que des mesures de surete contre le ci-devant roi; mais que si
elle agit comme tribunal, elle est hors de tous les principes, car c'est
faire juger le vaincu par le vainqueur lui-meme, puisque la plupart des
membres presens se sont declares les conspirateurs du 10 aout. Au mot de
_conspirateurs_, un tumulte epouvantable s'eleve de toutes parts. On crie
_a l'ordre! a l'Abbaye! a bas de la tribune_! Lanjumais veut en vain
justifier le mo
|