montre pendant la journee du 10 aout, siegeant au bruit du canon du
chateau, prononcant la decheance avant la victoire du peuple, tandis, que
ces Brutus, si presses aujourd'hui d'egorger les tyrans abattus, cachaient
leurs frayeurs dans les entrailles de la terre, et attendaient ainsi
l'issue du combat incertain que la liberte livrait au despotisme.
Il rejette ensuite sur ses adversaires le reproche de provoquer a la
guerre civile. "Oui, dit-il, ils veulent la guerre civile ceux qui, en
prechant l'assassinat contre les partisans de la tyrannie, appliquent ce
nom a toutes les victimes que leur haine veut immoler; ceux qui appellent
les poignards sur les representais du peuple, et demandent la dissolution
du gouvernement et de la convention; ceux qui veulent que la minorite
devienne arbitre de la majorite, qu'elle puisse legitimer ses jugemens par
des insurrections, et que les Catilina soient appeles a regner dans le
senat. Ils veulent la guerre civile, ceux qui prechent ces maximes dans
tous les lieux publics, et pervertissent le peuple en accusant la raison
de _feuillantisme_, la justice de pusillanimite, et la sainte humanite de
conspiration.
"La guerre civile, s'ecrie l'orateur, pour avoir invoque la souverainete
du peuple!... Cependant en juillet 1791 vous etiez plus modestes, vous
ne vouliez pas la paralyser et regner a sa place. Vous faisiez courir une
petition pour consulter le peuple sur le jugement a rendre contre Louis
revenu de Varennes! Alors vous vouliez de la souverainete du peuple, et
vous ne pensiez pas que l'invoquer put exciter la guerre civile! Serait-ce
qu'alors elle favorisait vos vues secretes, et qu'aujourd'hui elle les
contrarie?"
L'orateur passe ensuite a d'autres considerations. On a dit que
l'assemblee devait montrer assez de grandeur et de courage pour faire
executer elle-meme son jugement sans s'appuyer de l'avis du peuple. "Du
courage, dit-il, il en fallait pour attaquer Louis XVI dans sa
toute-puissance; en faut-il tant pour envoyer au supplice Louis vaincu et
desarme? Un soldat cimbre entre dans la prison de Marius pour l'egorger;
effraye a l'aspect de la victime, il s'enfuit sans oser la frapper. Si ce
soldat avait ete membre d'un senat, doutez-vous qu'il eut hesite a voter
la mort d'un tyran? Quel courage trouvez-vous a faire un acte dont un
lache serait capable?"
Il parle encore d'un autre genre de courage, de celui qu'il faut deployer
contre les puissances etrangeres. "Puisqu'on
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