rder quiconque aurait le courage de
resister. "Et pour moi, s'ecriait Robespierre, je demande a etre assassine
par Roland!" (_Seance des Jacobins du 12 decembre_.)
Cette haine furibonde, se communiquant a toute la societe, la soulevait
comme une mer orageuse. On se promettait un combat a mort contre la
faction; on repoussait d'avance toute idee de reconciliation, et comme il
avait ete question d'un nouveau projet de transaction, on s'engageait a
refuser a jamais le _baiser Lamourette_.
Les memes scenes se reproduisaient dans l'assemblee pendant le delai qui
avait ete accorde a Louis XVI pour preparer sa defense. On ne manquait pas
d'y repeter que partout les royalistes menacaient les patriotes, et
repandaient des pamphlets en faveur du roi. Thuriot proposa un moyen,
c'etait de punir de mort quiconque mediterait de rompre l'unite de la
republique ou d'en detacher quelque partie. C'etait la un decret contre la
fable du federalisme, c'est-a-dire contre les girondins. Buzot se hate de
repondre par un autre projet de decret, et demande l'exil de la famille
d'Orleans. Les partis echangent les faussetes, et se vengent des calomnies
par d'autres calomnies. Tandis que les jacobins accusaient les girondins
de federalisme, ceux-ci reprochaient aux premiers de destiner le duc
d'Orleans au trone, et de ne vouloir immoler Louis XVI que pour rendre la
place vacante.
Le duc d'Orleans existait a Paris, s'efforcant en vain de se faire oublier
dans le sein de la convention. Cette place sans doute ne lui convenait pas
au milieu de furieux demagogues; mais ou fuir? En Europe, l'emigration
l'attendait, et les outrages, peut-etre meme les supplices, menacaient
ce parent de la royaute qui avait repudie sa naissance et son rang. En
France, il s'efforcait de cacher son rang sous les titres des plus
humbles, et il se nommait _Egalite_. Mais il restait l'ineffacable
souvenir de son ancienne existence, et le temoignage toujours present de
ses immenses richesses. A moins de prendre les haillons, de se rendre
meprisable a force de cynisme, comment echapper aux soupcons? Dans les
rangs girondins, il eut ete perdu des le premier jour, et tous les
reproches de royalisme qu'on leur faisait eussent ete justifies. Dans ceux
des jacobins, il avait la violence de Paris pour appui; mais il ne pouvait
pas echapper aux accusations des girondins, et c'est ce qui lui arriva en
effet. Ceux-ci, ne lui pardonnant pas de se ranger avec leurs ennemis,
supposaient
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