Caton etait de la minorite, car il dechira ses
entrailles." Robespierre recommande ensuite le calme au peuple pour oter
tout pretexte a ses adversaires, qui presentent de simples applaudissemens
donnes a ses deputes fideles comme une rebellion. "Peuple, s'ecrie-t-il,
garde tes applaudissemens, fuis le spectacle de nos debats! Loin de tes
yeux nous n'en combattrons pas moins." Il termine enfin en demandant que
Louis XVI soit sur-le-champ declare coupable et condamne a mort.
Les orateurs se succedent le 28, le 29, et jusqu'au 31. Vergniaud prend
enfin la parole pour la premiere fois, et on ecoute avec un empressement
extraordinaire les girondins s'exprimant par la bouche de leur plus grand
orateur, et rompant un silence dont Robespierre n'etait pas le seul a
les accuser.
Vergniaud developpe d'abord le principe de la souverainete du peuple, et
distingue les cas ou les representans doivent s'adresser a elle. Il serait
trop long, trop difficile de recourir a un grand peuple pour tous les
actes legislatifs; mais pour certains actes d'une haute importance, il en
est tout autrement. La constitution, par exemple, a ete d'avance destinee
a la sanction nationale. Mais cet objet n'est pas le seul qui merite une
sanction extraordinaire. Le jugement de Louis a de si graves caracteres,
soit par la cumulation de pouvoirs qu'exerce l'assemblee, soit par
l'inviolabilite qui avait ete constitutionnellement accordee au monarque,
soit enfin par les effets politiques qui doivent resulter d'une
condamnation, qu'on ne saurait contester sa haute importance, et la
necessite de le soumettre au peuple lui-meme. Apres avoir developpe ce
systeme, Vergniaud, qui refute particulierement Robespierre, arrive enfin
aux inconveniens politiques de l'appel au peuple, et touche a toutes les
grandes questions qui divisent les deux partis.
Il s'occupe d'abord des discordes qu'on redoute de voir eclater si on
renvoie au peuple la sanction du jugement du roi. Il reproduit les raisons
donnees par d'autres girondins, et soutient que si l'on ne craignait pas
la guerre civile en reunissant les assemblees primaires pour sanctionner
la constitution, il ne voyait pas pourquoi on la redouterait en les
reunissant pour sanctionner le jugement du roi. Cette raison, souvent
repetee, etait de peu de valeur, car la constitution n'etait pas la
veritable question de la revolution, elle ne pouvait etre que le reglement
detaille d'une institution deja decretee et consentie,
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