aout. Dans ce jour, en
effet, l'agresseur n'etait pas Louis XVI, mais le peuple. Il etait
legitime que Louis XVI, attaque, cherchat a se defendre, et qu'il prit les
precautions necessaires. Les magistrats eux-memes l'avaient approuve, et
avaient donne aux troupes l'ordre formel de repousser la force par la
force. Malgre cela, disait M. Deseze, le roi n'avait pas voulu faire usage
de cette autorisation, qu'il tenait et de la nature et de la loi, et il
s'etait retire dans le sein du corps legislatif pour eviter toute effusion
de sang. Le combat qui avait suivi ne le regardait plus, devait meme lui
valoir des actions de graces plutot que des vengeances, puisque c'etait
sur un ordre de sa main que les Suisses avaient abandonne la defense du
chateau et de leur vie. Il y avait donc une criante injustice a reprocher
a Louis XVI d'avoir verse le sang francais, et sur ce point il avait ete
irreprochable; il s'etait montre au contraire plein de delicatesse et de
vertu.
Le defenseur termina par ces mots si courts, si justes, et les seuls ou il
fut question des vertus de Louis XVI:
"Louis etait monte sur le trone a vingt ans, et a vingt ans il donna sur
le trone l'exemple des moeurs; il n'y porta aucune faiblesse coupable ni
aucune passion corruptrice; il y fut econome, juste, severe, et il s'y
montra toujours l'ami constant du peuple. Le peuple desirait la
destruction d'un impot desastreux qui pesait sur lui, il le detruisit; le
peuple demandait l'abolition de la servitude, il commenca par l'abolir
lui-meme dans ses domaines; le peuple sollicitait des reformes dans la
legislation criminelle pour l'adoucissement du sort des accuses, il fit
ces reformes; le peuple voulait que des milliers de Francais, que la
rigueur de nos usages avait prives jusqu'alors des droits qui
appartiennent aux citoyens, acquissent ces droits ou les recouvrassent,
il les en fit jouir par ses lois; le peuple voulut la liberte, et il la
lui donna! Il vint meme au-devant de lui par ses sacrifices, et cependant
c'est au nom de ce meme peuple qu'on demande aujourd'hui.... Citoyens, je
n'acheve pas ... je m'arrete devant l'histoire: songez qu'elle jugera
votre jugement, et que le sien sera celui des siecles!"
Louis XVI, prenant la parole immediatement apres son defenseur, prononca
quelques mots qu'il avait ecrits. "On vient, dit-il, de vous exposer mes
moyens de defense; je ne les renouvellerai point; en vous parlant
peut-etre pour la derniere fois, je vous
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