parle continuellement,
dit-il, d'un grand acte politique, il n'est pas inutile d'examiner la
question sous ce rapport. Il n'est pas douteux que les puissances
n'attendent ce dernier pretexte pour fondre toutes ensemble sur la France.
On les vaincra sans doute; l'heroisme des soldats francais en est un sur
garant: mais ce sera un surcroit de depenses, d'efforts de tout genre. Si
la guerre force a de nouvelles emissions d'assignats, qui feront croitre
dans une proportion effrayante le prix des denrees de premiere necessite;
si elle porte de nouvelles et mortelles atteintes au commerce; si elle
fait verser des torrens de sang sur le continent et sur les mers, quels si
grands services aurez-vous rendus a l'humanite? Quelle reconnaissance vous
devra la patrie pour avoir fait en son nom, et au mepris de sa
souverainete meconnue, un acte de vengeance devenu la cause ou seulement
le pretexte d'evenemens si calamiteux? J'ecarte, s'ecrie l'orateur, toute
idee de revers, mais oserez-vous lui vanter vos services? Il n'y aura pas
une famille qui n'ait a pleurer ou son pere ou son fils; l'agriculture
manquera bientot de bras; les ateliers seront abandonnes; vos tresors
ecoules appelleront de nouveaux impots; le corps social, fatigue des
assauts que lui livreront au dehors les ennemis armes, au dedans les
factions soulevees, tombera dans une langueur mortelle. Craignez qu'au
milieu de ces triomphes, la France ne ressemble a ces monumens fameux qui,
dans l'Egypte, ont vaincu le temps: l'etranger qui passe s'etonne de leur
grandeur; s'il veut y penetrer, qu'y trouve-t-il? Des cendres inanimees,
et le silence des tombeaux."
Apres ces craintes, il en est d'autres qui se presentent encore a l'esprit
de Vergniaud; elles lui sont suggerees par l'histoire anglaise, et par la
conduite de Cromwell, auteur principal, mais cache, de la mort de Charles
Ier. Celui-ci, poussant toujours les peuples, d'abord contre le roi, puis
contre le parlement lui-meme, brisa ensuite son faible instrument, et
s'assit au supreme pouvoir. "N'avez-vous pas, ajoute Vergniaud,
n'avez-vous pas entendu, dans cette enceinte et ailleurs, des hommes
crier: _Si le pain est cher, la cause en est au Temple; si le numeraire
est rare, si nos armees sont mal approvisionnees, la cause en est au
Temple; si nous avons a souffrir chaque jour du spectacle de l'indigence,
la cause en est au Temple_!
"Ceux qui tiennent ce langage n'ignorent pas cependant que la cherte du
pain, le d
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