vait pas se faire autrefois sans moins de
2 milliards, or ou argent. Si donc aujourd'hui les assignats n'entraient
que pour 200 millions dans la circulation, avec quoi se faisait le reste
des transactions? Il est bien evident que les metaux devaient circuler
en tres-grande quantite, et ils circulaient en effet, mais dans les
provinces et les campagnes, loin des yeux du gouvernement. D'ailleurs
les metaux, comme toutes les marchandises, viennent toujours la ou le
besoin les appelle, et, en chassant le papier, ils seraient revenus,
comme ils revinrent en effet quand le papier perit de lui-meme.
C'etait donc une double erreur, et tres-enracinee dans les esprits, que
de regarder la reduction de l'assignat a sa valeur reelle, comme une
banqueroute et comme une destruction subite des moyens de circulation.
Elle n'avait qu'un inconvenient, mais ce n'etait pas celui qu'on lui
reprochait, comme on va le voir bientot. La commission des finances,
genee par les idees qui regnaient, ne put adopter qu'en partie les vrais
principes de la matiere. Apres s'etre concertee avec le directoire, elle
arreta le projet suivant.
En attendant que, par le nouveau plan, la vente des biens et la
perception des impots fissent rentrer des valeurs non pas fictives, mais
reelles, il fallait se servir encore des assignats. On proposa de porter
l'emission a 30 milliards, mais en s'obligeant a ne pas la porter
au-dela. Au 30 nivose, la planche devait etre solennellement brisee.
Ainsi on rassurait le public sur la quantite des nouvelles emissions. On
consacrait aux 30 milliards emis un milliard ecus de biens nationaux.
Par consequent, l'assignat qui, dans la circulation, ne valait
reellement que le cent cinquantieme et beaucoup moins, etait liquide
au trentieme; ce qui etait un assez grand avantage fait au porteur du
papier. On consacrait encore un milliard ecus de terres a recompenser
les soldats de la republique, milliard qui leur etait promis depuis
long-temps. Il en restait donc cinq, sur les sept dont on pouvait
disposer. Dans ces cinq se trouvaient les forets nationales, le mobilier
des emigres et de la couronne, les maisons royales, les biens du clerge
belge. On avait donc encore cinq milliards ecus disponibles. Mais la
difficulte consistait a disposer de cette valeur. L'assignat, en effet,
avait ete le moyen de la mettre en circulation d'avance, avant que les
biens fussent vendus. Mais l'assignat etant supprime, puisqu'on ne
pouvait ajouter que
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