peut le blamer d'avoir
battu en retraite pour devancer Moreau dans la vallee du Necker et pour
proteger ainsi les etats hereditaires. Sur-le-champ, en effet, il forma
la resolution d'abandonner l'Allemagne, qu'aucune ligne ne pouvait
couvrir, et de se porter, en remontant le Mein et le Necker, a la grande
ligne des etats hereditaires, celle du Danube. Ce fleuve, couvert par
les deux places de Ulm et Ratisbonne, etait le plus sur rempart de
l'Autriche. En y concentrant ses forces, l'archiduc etait la chez lui, a
cheval sur un grand fleuve, avec des forces egales a celles de l'ennemi,
avec la faculte de manoeuvrer sur les deux rives, et d'accabler l'une
des deux armees envahissantes. L'ennemi, au contraire, se trouvait
fort loin de chez lui, a une distance immense de sa base, sans cette
superiorite de forces qui compense le danger de l'eloignement, avec le
desavantage d'un pays affreux a traverser pour envahir et pour s'en
retourner, et enfin avec l'inconvenient d'etre divise en deux corps, et
d'etre commande par deux generaux. Ainsi les Imperiaux gagnaient, en se
rapprochant du Danube, tout ce que perdaient les Francais. Mais, pour
s'assurer tous ces avantages, l'archiduc devait arriver sans defaite
au Danube; et, des lors, il devait se retirer avec fermete, mais sans
s'exposer a aucun engagement.
Apres avoir laisse garnison a Mayence, a Ehrenbreistein, a Cassel, a
Manheim, il ordonna a Wartensleben de se retirer pied a pied par la
vallee du Mein, et de gagner le Danube, en s'engageant tous les jours
assez pour soutenir le moral de ses troupes, mais pas assez pour les
compromettre dans une action generale. Lui-meme en fit autant avec son
armee; il la porta de Pforzheim dans la vallee du Necker, et ne s'y
arreta que le temps necessaire pour reunir ses parcs et leur donner
le temps de se retirer. Wartensleben se repliait avec trente mille
fantassins et quinze mille chevaux; l'archiduc avec quarante mille
hommes d'infanterie et dix-huit de cavalerie; ce qui faisait cent trois
mille hommes en tout. Le reste etait dans les places, ou avait file par
le Haut-Rhin en Suisse, devant le general Ferino, qui commandait la
droite de Moreau.
Des que Moreau eut decide la retraite des Autrichiens, l'armee de
Jourdan passa de nouveau le Rhin a Dusseldorf et Neuwied, en manoeuvrant
comme elle l'avait toujours fait, et se porta sur la Lahn, pour
deboucher ensuite dans la vallee du Mein. Les armees francaises
s'avancerent donc en deux c
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