-dessus de la porte, et
par les fenetres ouvertes montent des cris joyeux, un envolement de
bonheur.
"Recu, il est recu!... Oh! quelle chance!... Henriette, Elise, arrivez
donc... La piece de M. Maranne est recue."
Depuis hier, Andre sait la nouvelle. Cardailhac, le directeur des
Nouveautes, l'a fait venir pour lui apprendre qu'on allait monter son
drame tout de suite, qu'il serait joue le mois prochain. Ils ont passe
la soiree a parler des decors, de la distribution; et, comme en rentrant
du theatre il etait trop tard pour frapper chez les voisins, l'heureux
auteur a guette le jour dans une impatience fievreuse, puis des qu'il a
entendu marcher au-dessous, les persiennes s'ouvrir en claquant sur la
facade, il est descendu bien vite annoncer a ses amis la bonne nouvelle.
A present, les voila tous reunis, ces demoiselles en gentil deshabille,
les cheveux tordus a la hate, et M. Joyeuse que l'evenement a surpris en
train de faire sa barbe, montrant sous son bonnet brode une etonnante
figure mi-partie, un cote rase, l'autre non. Mais le plus emu, c'est
Andre Maranne, car vous savez ce que la reception de _Revolte_
represente pour lui, ce dont ils sont convenus avec Bonne Maman.
Le pauvre garcon la regarde comme pour chercher dans ses yeux un
encouragement; et les yeux un peu railleurs et bons ont l'air de dire:
"Essayez toujours. Qu'est-ce qu'on risque?" Il regarde aussi, pour se
donner du courage, mademoiselle Elise, jolie comme une fleur, ses grands
cils abaisses. Enfin, prenant son parti:
"Monsieur Joyeuse, dit-il d'une voix etranglee, j'ai une communication
tres grave a vous faire."
M. Joyeuse s'etonne:
"Une communication?... Ah! mon Dieu, vous m'effrayez!..."
Et, baissant la voix, lui aussi:
"Est-ce que ces demoiselles sont de trop?"
Non. Bonne Maman sait ce dont il s'agit. Mademoiselle Elise doit aussi
s'en douter. Ce sont seulement les enfants... Mademoiselle Henriette et
sa soeur sont priees de se retirer, ce qu'elles font aussitot, l'une
d'un air majestueux et vexe, en vraie fille des Saint-Amand, l'autre, la
jeune Chinoise Yaia, avec une folle envie de rire a peine dissimulee.
Alors un grand silence. Puis l'amoureux commence sa petite histoire.
Je crois bien que mademoiselle Elise se doute en effet de quelque chose,
car, des que le jeune voisin a parle de communication, elle a tire son
"Ansart et Rendu" de sa poche et s'est plongee precipitamment dans les
aventures d'un tel dit le Hutin, emo
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