plus rares, des avantages qui font cherir
et rechercher dans le monde; tout cela n'est rien sans l'amour tendre,
respectueux, inalterable, que l'on doit a sa mere.
A l'entree du grand chemin qui conduit de la route de Nantes au village
de Fondettes, est une habitation charmante appelee _les Tourelles_. Elle
domine sur la plus belle partie du jardin de la France, et pendant
pres de quinze lieues, on y suit de l'oeil le Cher et la Loire, qui
serpentent delicieusement a travers d'immenses prairies, des vallons et
des iles de toutes dimensions et d'une variete ravissante. C'est surtout
a l'epoque du printemps et de l'automne, lorsque l'equinoxe agite
les vents et rend la navigation favorable, que cette habitation
tres-renommee offre un spectacle enchanteur. On apercoit au fond de
l'horizon, sur chaque riviere, une quantite prodigieuse de voiles qui
remontent les produits du commerce maritime, forment des especes de
flottes qu'on voit, qu'on perd de vue, et qu'on retrouve a travers les
arbres touffus dont sont couvertes les differentes iles.
Cette belle habitation, dont le proprietaire est un habile et riche
speculateur qui fait a Paris le plus noble emploi de sa fortune,
etait occupee par une famille etrangere, venue en Touraine pour se
perfectionner dans la langue francaise, y gouter ce charme inexprimable,
y respirer cet air si suave et si penetrant qu'on ne trouve que dans
ces beaux climats. Le chef de cette famille, M. Kistenn, homme aimable,
instruit et bienfaisant, attirait dans sa charmante retraite les
personnes des environs qu'il jugeait dignes de former sa societe
habituelle. Sa femme lui avait donne trois enfants, deux garcons qu'il
faisait elever au college de Vendome, et une fille nommee Erliska, dont
il etait idolatre, et qui comptait a peine quatorze ans. Sa mere seule
dirigeait son education, dont elle s'occupait sans cesse; et tout
annoncait dans madame Kistenn un esprit orne, des talents remarquables,
et surtout une intarissable bonte.
Erliska, d'une figure agreable et d'une vivacite petulante, avait ete
trop bien elevee pour meconnaitre les devoirs sacres de l'amour filial.
Elle portait a son excellente mere un attachement sans bornes; elle ne
pouvait se separer d'elle; et plus elle etudiait le monde, plus elle
decouvrait de qualites dans celle qui l'avait fait naitre, plus elle se
trouvait heureuse et fiere de lui appartenir. Cependant, soit vivacite
naturelle, soit oubli des convenances, elle prena
|