HOLLANDE, EN SUISSE ET DANS LES REPUBLIQUES ITALIENNES.
CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION CISALPINE; GRANDS EMBARRAS DU DIRECTOIRE
A CE SUJET.--SITUATION INTERIEURE. UNE NOUVELLE OPPOSITION SE PRONONCE
DANS LES CONSEILS.--DISPOSITION GENERALE A LA GUERRE. LOI SUR LA
CONSCRIPTION.--FINANCES DE L'AN VII.--REPRISE DES HOSTILITES. INVASION
DES ETATS ROMAINS PAR L'ARMEE NAPOLITAINE.--CONQUETE DU ROYAUME DE
NAPLES PAR LE GENERAL CHAMPIONNET.--ABDICATION DU ROI DE PIEMONT.
L'expedition d'Egypte resta un mystere en Europe longtemps encore apres
le depart de notre flotte. La prise de Malte commenca a fixer les
conjectures. Cette place reputee imprenable et enlevee en passant, jeta
sur les argonautes francais un eclat extraordinaire. Le debarquement en
Egypte, l'occupation d'Alexandrie, la bataille des Pyramides, frapperent
toutes les imaginations en France et en Europe. Le nom de Bonaparte, qui
avait paru si grand quand il arrivait des Alpes, produisit un effet plus
singulier et plus etonnant encore arrivant des contrees lointaines
de l'Orient. Bonaparte et l'Egypte etaient le sujet de toutes les
conversations. Ce n'etait rien que les projets executes; on en supposait
de plus gigantesques encore. Bonaparte allait, disait-on, traverser la
Syrie et l'Arabie, et se jeter sur Constantinople ou sur l'Inde.
La malheureuse bataille d'Aboukir vint, non pas detruire le prestige de
l'entreprise, mais reveiller toutes les esperances des ennemis de la
France, et hater le succes de leurs trames. L'Angleterre, qui etait
extremement alarmee pour sa puissance commerciale, et qui n'attendait
que le moment favorable pour tourner contre nous de nouveaux ennemis,
avait rempli Constantinople de ses intrigues. Le Grand-Seigneur n'etait
pas fache de voir punir les Mameluks, mais il ne voulait pas perdre
l'Egypte. M. de Talleyrand, qui avait du se rendre aupres du divan pour
lui faire agreer des satisfactions, n'etait point parti. Les agens de
l'Angleterre eurent le champ libre; ils persuaderent a la Porte que
l'ambition de la France etait insatiable; qu'apres avoir trouble
l'Europe, elle voulait bouleverser l'Orient, et qu'au mepris d'une
antique alliance, elle venait envahir la plus riche province de l'empire
turc. Ces suggestions et l'or repandu dans le divan n'auraient pas suffi
pour le decider, si la belle flotte de Brueys avait pu venir canonner
les Dardanelles; mais la bataille d'Aboukir priva les Francais de tout
leur ascendant dans le Levant,
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