multicolores.
Elle donnait sur une petite cour interieure.
Le dominicain, qui avait assiste impassible a cette inspection
minutieuse, quoique rapide, dit alors:
--Si l'illustre princesse le desire, je puis aller a la recherche de S.
Em. le cardinal Montalte et le ramener.
--Je vous en prie, mon reverend, dit Fausta, qui remercia d'un sourire.
Le dominicain sortit aussitot et, pour la rassurer, laissa la porte
grande ouverte. Fausta vint se placer dans l'encadrement et constata
que le dominicain reprenait paisiblement le chemin par ou ils etaient
venus... Elle fit un pas dans le couloir et vit que la porte par ou ils
etaient entres etait encore ouverte. Des ombres passaient et repassaient
devant l'ouverture.
Rassuree sans doute, elle rentra dans le cabinet, s'assit dans un
fauteuil et attendit, tres calme en apparence, mais l'oeil aux aguets,
prete a tout.
Au bout de quelques minutes, le dominicain reparut. Il poussa la porte
derriere lui, d'un geste tres naturel, et, sans faire un pas de plus,
tres respectueux:
--Madame, dit-il, il m'a ete impossible de rejoindre Son Eminence.
Le cardinal Montalte a, parait-il, quitte le palais en compagnie du
seigneur qui l'avait aborde.
--S'il en est ainsi, dit Fausta en se levant, je me retire.
--Que dirai-je a monseigneur le grand inquisiteur?
--Vous lui direz que, seule ici, je ne me suis pas sentie en surete et
que j'ai prefere renvoyer a plus tard l'entretien que je devais avoir
avec lui, dit froidement Fausta.
--Reconduisez-moi, mon reverend, ajouta-t-elle vivement.
Le dominicain ne bougea pas de devant la porte.
--Oserai-je, madame, solliciter une faveur de votre bienveillance?
fit-il.
--Vous? dit Fausta etonnee. Qu'avez-vous a me demander?
--Peu de chose, madame... Jeter un coup d'oeil sur certain parchemin que
vous cachez dans votre sein, dit le dominicain en se redressant.
--Je suis prise! pensa Fausta, et c'est a Pardaillan que je dois ce
nouveau coup, puisque c'est lui qui leur a revele que j'avais le
parchemin sur moi.
Et, tout haut, avec un calme dedaigneux:
--Et, si je refuse, que ferez-vous?
--En ce cas, dit paisiblement le dominicain, je me verrai contraint de
porter la main sur vous, madame.
--Eh bien, venez le chercher, dit Fausta en mettant la main dans son
sein.
Toujours impassible, le religieux s'inclina, comme s'il prenait acte de
l'autorisation et fit deux pas en avant.
Fausta leva le bras droit, soudain
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