n pas rude, il se dirigea vers la porte, bien certain de la
trouver ouverte.
"Pardieu! ricana-t-il en voyant qu'elle cedait sous sa pression, puisque
je dois passer par la!"
Il franchit le seuil, et, une fois de plus, il se trouva dans un
couloir. Et toujours la meme demi-obscurite, le meme silence...
Pardaillan etait habitue a se dompter, et d'ailleurs il s'etait trouve
deja a plus d'une aventure perilleuse. Il avait mis l'epee a la main et
il allait d'un pas ferme et tranquille, mettant une sorte d'orgueil a
conserver une allure de sang-froid. Mais, de l'effort qu'il faisait, il
sentait la sueur couler de son front a grosses gouttes, et son coeur
battait la chamade pendant qu'il se disait:
"Voici ma derniere aventure. Pour cette fois, le diable lui-meme ne
saurait, je crois, me tirer de ce mauvais pas!"
Il avait deja parcouru un assez long chemin, tournant et retournant
sans cesse, et sans s'en douter, dans les memes couloirs, qui
s'enchevetraient comme a plaisir, sondant les coins d'ombre plus
epaisse, tatant le sol avant de poser le pied, cherchant toujours,
sans la trouver, une sortie a ce fantastique labyrinthe ou il errait
eperdument.
Tout a coup, sans qu'il put discerner d'ou elle venait, devant lui, dans
l'ombre, il devina, plutot qu'il ne la vit, une nouvelle troupe
qui, silencieusement, venait a sa rencontre. Il s'arreta et ecouta
attentivement.
"Ils sont au moins une trentaine, pensa-t-il, et il me semble voir
briller les fameux mousquets dont la decharge doit me foudroyer."
D'un geste rapide, il assujettit son ceinturon, s'assura que la dague
etait bien a sa portee et se ramassa, etincelant, pret a bondir,
retrouvant instantanement tout son sang-froid, puisqu'il n'avait plus
devant lui que des etres de chair et d'os comme lui.
"Il faut en finir, gronda-t-il, je charge!... Que diable! je trouverai,
bien moyen de passer!"
Il allait bondir et charger, ainsi qu'il avait dit; il s'arreta net:
derriere lui, surgie il ne savait d'ou, une autre troupe s'avancait a
pas de loup. Une fois encore, il etait pris entre deux feux.
"Eh bien, non! reflechit Pardaillan, ce serait folie pure! Mortdiable!
il ne s'agit pas de se faire tuer stupidement... il faut sortir vivant
d'ici!..."
Il chercha autour de lui et vit, sur sa gauche, toujours une embrasure.
"Parbleu! grogna-t-il, puisque je dois aboutir a la chambre de torture,
je pensais bien qu'on m'aurait menage une de ces voies dans lesquelles
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